"Sexisme au quotidien", "abus de pouvoir", "véritable ambiance"… Interrogés par Medscape, plus de 1000 médecins ont témoigné de leur expérience en lien avec des abus, harcèlement ou inconduite à caractère sexuel.
Dans cette étude, publiée mardi, environ un médecin français sur 12, tout âge et sexe confondus, déclare avoir été victime de harcèlement sexuel de la part d'un autre professionnel de santé sur les six dernières années. 11% des praticiens confient également avoir été témoins de comportements inappropriés à caractère sexuel. Certains décrivent même une "situation parfaitement habituelle" vécue "tout au long des études et du parcours professionnel".
Et les femmes sont toujours plus nombreuses que les hommes à en être victimes. En effet, d'après les témoignages, 16% des praticiennes disent avoir été victimes d'un collègue au cours des six dernières années de leur carrière, tandis que 2% des hommes indiquent avoir subi ce type de comportements.
"Caresses" et "baisers forcés"
Si deux tiers des médecins indiquent que ces atteintes prennent ou prenaient la forme de commentaires à connotation sexuelle sur leur physique, et pour la moitié d'entre eux de propositions de relations sexuelles, d'autres témoignages évoquent des situations encore plus violentes Une victime sur 20 déclare avoir reçu des propositions de promotion en échange d'une relation sexuelle ou des menaces en cas de refus. De nombreuses femmes font aussi référence à des "caresses" et des "baisers forcés". Une interne au Samu rapporte notamment des menaces proférées par un infirmier lors d'une intervention, alors que l'équipe est dans l'ascenseur : "On t'emmène à la cave pour te violer, on est en chien, on n'a pas niqué depuis longtemps".
Selon l'étude, ces expériences arrivent plus fréquemment en début de pratique ou en cours de stage. Les professionnels les plus jeunes (âgés de moins de 45 ans) sont en effet trois fois plus souvent victimes de harcèlement sexuel que leurs collègues plus âgés.
Des actes banalisés et peu dénoncés
Il s'agit souvent d'internes qui subissent les abus de pouvoir de leur hiérarchie. Dans 45% des cas, l'auteur des actes est dans une position supérieure à celle de la victime. "Depuis que je suis en position de décideur, le harcèlement est moins un problème. En revanche, en tant qu'étudiante, c'était un réel souci", rapporte une pédiatre.
Par ailleurs, ces actes sont souvent l'œuvre de plusieurs harceleurs. Les trois quarts des victimes ont déclaré avoir été harcelées par plus d'un collègue. Et dans 76% des cas, l'auteur était un homme.
Difficultés de concentrations ou manque d'attention envers les patients, les conséquences de ces abus ont la plupart du temps des conséquences graves sur les médecins harcelés - pouvant parfois mener à des erreurs médicales -, d'autant que la plupart des victimes sont confrontées quotidiennement à leurs agresseurs. 20% des victimes ont d'ailleurs pensé à démissionner.
Pourtant, ces actes sont souvent banalisés et peu dénoncés par les médecins (71% des victimes ne dénoncent pas l'agresseur). Plus d'un médecin sur 10 estime que le harcèlement sexuel est tacitement accepté dans leur milieu. Un avis qui est d'autant plus partagé chez les internes.
Au-delà du harcèlement sexuel par un collègue, les médecins doivent également faire face à des situations similaires avec des patients. Les médecins sont, selon l'enquête, six fois plus fréquemment harcelés par un patient (24%) que par un collègue (4%). 42 % des médecins concernés témoignent d'une demande de rendez-vous, 25% de tentatives d'attouchement, et 8% de demande de rapport sexuel.
Les infirmières sont, elles aussi, touchées par ce phénomène. Elles sont 10 fois plus fréquemment victimes d'un patient (41%) que d'un collègue (4%).
[avec Medscape]
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