
Crédit : Aveline Marques
Neuder au CMGF : "C'est le moment de montrer que les médecins peuvent être acteurs de solutions"
Très attendu, notamment sur le sujet des docteurs juniors, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a été chahuté au CMGF ce vendredi soir. Interpelé et même hué, Yannick Neuder a renouvelé son engagement à prendre "avant l'été" les décrets manquants sur la 4e année de médecine générale. Une "opportunité" dont les généralistes doivent se saisir pour montrer qu'ils peuvent être "acteurs de solutions" pour résoudre les difficultés d'accès aux soins, a-t-il insisté. Faute de quoi, "ils se les verront imposer".

Crédit : Aveline Marques
La salle était comble ; l'ambiance, électrique. Ce vendredi soir, au CMGF, Yannick Neuder était attendu de pied ferme par les généralistes. Depuis sa prise de fonctions il y a "93 jours" – a-t-il rappelé quelques instants plus tard comme pour s'excuser de ne pas en avoir fait encore assez – le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins ne s'est que peu exprimé sur la médecine générale. "Nous avons un vrai besoin de vous entendre sur votre projet à notre égard, a insisté le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale. On vous connaît comme cardiologue hospitalier, on connaît votre implication dans l'évolution des métiers - notamment infirmiers, et dans les centres de soins non programmés. Mais quel est le projet que vous proposez à la médecine générale?"
La profession a "des interrogations, des craintes et des attentes", a martelé Paul Frappé. Sur la 4e année de DES de médecine générale, en particulier, l'attente "s'est transformée en exaspération, en colère et en désespoir - et je pèse mes mots", a-t-il lâché, alertant tour à tour sur l'incapacité à se "projeter à un an" des futurs docteurs juniors, sur la nécessité pour les universitaires de "s'organiser" et pour les futurs maitres de stage de "savoir s'ils vont se lancer dans l'accueil de ces médecins".
Je ne veux pas confondre vitesse et précipitation
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
"Je comprends que je suis attendu, lance d'emblée Yannick Neuder. J'espère qu'il y a eu une bonne fouille de sacs à l'entrée, et que je ne vais pas me prendre quelques tomates", plaisante-t-il pour détendre l'atmosphère. Peine perdue : alors que le ministre égrène ses priorités pour l'accès aux soins, et passe en revue ses dossiers (former plus de médecins, mieux reconnaître les Padhue, renforcer la sécurité des soignants…), son auditoire s'impatiente : "Et les docteurs juniors?"
"Je peux vous dire que je mobilise l'ensemble du ministère, l'ensemble des ARS, l'ensemble des facultés de médecine pour pouvoir trouver activement les 3700 lieux de stage", assure Yannick Neuder. "Et les textes ?", l'interpelle-t-on. Les décrets seront "prêts avant l'été comme je m'y étais engagé", promet le ministre, déclenchant des huées. "Je sais, il y a beaucoup de temps qui a été perdu, je vous en ai redonné les causes : une dissolution, une motion de censure… Je sais que vous vous en fichez, et que c'est votre quotidien, mais c'est la réalité, lance-t-il. Commençant un 24 décembre… Je ne peux pas confondre vitesse et précipitation."
"Entendez que je n'ai aucun intérêt à retarder tout ça, a plaidé Yannick Neuder. Moi-même quand j'étais interne, je voulais savoir où est-ce que je m'installerai dans 6 mois, comment… Toutes ces problématiques, je les ai vécues, je n'ai pas envie de les faire vivre aux autres. Je suis dans un temps contraint, ça fait partie de mes priorités, nous y travaillons. Ce n'est plus qu'une question de semaines", a-t-il assuré. "Croyez que je fais le maximum pour sortir de cette situation au plus vite. J'entends conserver votre confiance sur ce sujet-là. J'espère que d'une difficulté, nous allons faire une réussite collective, car les patients nous attendent."
Les docteurs juniors vont permettre de reprendre les visites à domicile
Car les docteurs juniors, estime le ministre, "seront les ambassadeurs d'une nouvelle organisation de soins, qui va permettre de rétablir la confiance et démontrer que vous pouvez être acteurs de solutions, plutôt que de vous les voir imposer". "J'espère que beaucoup de médecins vont se saisir de cette opportunité d'une année supplémentaire de pratique de la médecine dans les territoires pour pouvoir offrir plus d'accès aux soins aux patients. Ce sera l'occasion d'avoir un peu de souffle pour les médecins qui vont accueillir ces docteurs juniors. Ça va permettre, je l'espère, de pouvoir reprendre aussi un peu de visites à domicile, ce qui est fort attendu par les patients âgés, handicapés qui ne peuvent pas venir forcément à vos cabinets. C'est permettre aussi de pouvoir participer au SAS", insiste le ministre.
"Je vous le dis comme je le pense : on veut vous faire porter beaucoup de contraintes, c'est le moment de faire la démonstration que l'ensemble des médecins peuvent aussi faire des propositions pour pouvoir réduire les difficultés d'accès aux soins."
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