Génocide rwandais : l'ancien médecin Eugène Rwamucyo condamné à 27 ans de prison
Le Dr Eugène Rwamucyo, jugé pour sa participation au génocide rwandais, a été condamné à 27 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris. L'ancien médecin, qui a exercé en France, devrait fait appel.
Mercredi 30 octobre, l'ex-médecin rwandais Eugène Rwamucyo, âgé de 65 ans, a été condamné par la cour d'assises de Paris à 27 ans de réclusion criminelle. Au terme de presque cinq semaines de procès et après onze heures de délibéré, la cour a reconnu l'ancien praticien coupable de complicité de génocide et participation à une entente en vue de la préparation de génocide, complicité de crimes contre l'humanité et participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes. Il a en revanche été acquitté des accusations de génocide et de crimes contre l'humanité.
"C'est un verdict qui n'est pas acceptable pour Eugène Rwamucyo, rendu à l'issue d'une audience dont le déroulement n'a pas été digne du procès historique qu'il aurait dû être", a réagi l'avocat de l'accusé, Me Philippe Meilhac, auprès de l'AFP. Il a par ailleurs annoncé son intention de faire appel.
"C'est capital que les génocidaires en fuite réalisent que même 30 ans après le génocide des Tutsi, la justice a le pouvoir de les rattraper. J'espère que les efforts de la justice française vont se poursuivre pour juger les suspects qui résident dans ce pays", a de son côté déclaré le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe.
Lundi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis trente ans de réclusion criminelle à l'encontre d'Eugène Rwamucyo afin qu'il "n'échappe pas à ses responsabilités". Pour les magistrats, le mobile de l'accusé était clair : "Son ambition et sa fascination pour le pouvoir politique."
L'accusé a contesté les accusations
Il était en effet reproché à l'ancien médecin-enseignant à l'université de Butare, au Rwanda, d'avoir soutenu et relayé les mots d'ordre des autorités Hutu incitant la population à s'en prendre à la minorité Tutsi, notamment lors d'un discours le 14 mai 1994 en présence de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire.
Eugène Rwamucyo était aussi accusé d'avoir participé à l'enfouissement de victimes dans des fosses communes "dans un ultime effort pour supprimer les preuves de génocide". Toutefois, tout au long du procès, l'accusé a contesté les accusations, expliquant
avoir enfoui les corps pour éviter d'ajouter une crise sanitaire à la catastrophe qui se déroulait.
Visé par un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda, Eugène Rwamucyo a été arrêté par les autorités françaises le 26 mai 2010, quelques mois après avoir été signalé par ses confrères de l'hôpital de Maubeuge (Nord), où il travaillait alors. L'ancien médecin est le huitième Rwandais jugé en France pour des crimes liés au génocide des Tutsi.
[avec AFP]
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