Il avait consulté le pass vaccinal de Macron : un généraliste suspendu deux semaines par l'Ordre des médecins

  Il ne sera pas présent à son cabinet du 1^er au 15 novembre prochains. Le Dr Michaël Rochoy, médecin généraliste à Outreau (Pas-de-Calais), vient d’être sanctionné de deux semaines d’interdiction d’exercice par la chambre disciplinaire du conseil de l’Ordre des médecins des Hauts-de-France pour "manquements aux obligations déontologiques". A l’été 2021, le jeune médecin avait consulté par deux fois le dossier vaccinal du Président de la République. Lors de l’audience, qui s’est tenue à Lille le 16 juin dernier et à laquelle Egora avait assisté, le généraliste avait pourtant plaidé la bonne foi. Le praticien, qui avait repéré des failles de sécurité sur le SI-VAC lors d’une consultation avec un patient, a expliqué avoir consulté le dossier vaccinal d’Emmanuel Macron pour faire "une preuve de concept". Une fois sur le pass du chef de l’Etat, il s’était rendu compte que la date de première injection qui avait été rendue publique n’était pas celle inscrite sur la plateforme. "Là, je me suis dit que des centaines de personnes avaient pu avoir accès ou auraient accès à ce dossier vaccinal… qui contient de fausses informations, de nature à laisser penser que le Président serait antivax ou se serait fait vacciner sur le tard, contrairement à ce qu’il avait dit. Au risque d’alimenter inutilement la mouvance antivax, racontait le Dr Rochoy en décembre 2021 sur Egora. Le généraliste avait alors aussitôt alerté l’Elysée qui, selon ses dires, l’avait remercié pour sa vigilance. Lorsque, le 26 juillet 2021, Médiapart a sorti un article intitulé : Imbroglio autour de la vaccination de Macron, le Dr Rochoy avait consulté une seconde fois le pass vaccinal du Président et constaté que l’erreur qu’il avait signalée n’avait pas été corrigée. Après la parution de cet article – et la polémique qui s’ensuivit – l’Assurance maladie avait mené une vaste enquête et identifié des dizaines de soignants ayant consulté à tort le dossier du Président. Les ordres de santé avaient été saisis. Le conseil départemental de l’Ordre du Pas-de-Calais avait déposé une plainte contre le Dr Rochoy. Si "le Dr Rochoy fait valoir que la mission supérieure de lanceur d’alerte dont il se sent investi lui aurait permis de s’affranchir de ses obligations déontologiques, une telle justification aux manquements relevés ne peut être accueillie", a jugé la chambre disciplinaire de première instance des Hauts-de-France, dans sa décision qu’Egora a pu consulter. En outre, "contrairement à ce qu’[il] soutient, ces données étaient couvertes par le secret médical".

  "Didier Raoult a eu moins…" Contacté, le Dr Michaël Rochoy, qui a pris connaissance de la décision ce lundi matin, s’est dit "désagréablement surpris". "Didier Raoult, pour avoir prôné l’hydroxychloroquine dont on a maintenant des arguments pour dire que ça a tué des gens à travers le monde, a eu moins – il a eu un blâme", a souligné le généraliste, qui ressent une forme "d’injustice". "Je suis un vil chenapan", ironise-t-il. "Ce n’est pas moi qui suis puni, ce sont les patients", estime également le généraliste, qui doit annuler les 42 rendez-vous déjà planifiés. Le Dr Rochoy a dit ne pas souhaiter faire appel.