Le professeur Christian Perronne était convoqué devant la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre des médecins d'Île-de-France, ce mardi 13 septembre, pour s’expliquer sur ses propos tenus lors de la crise sanitaire. Visé par deux plaintes, l’ancien chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches (AP-HP) encourt des sanctions disciplinaires. "Merci Professeur", "Bravo Christian"… C’est sous une foule d’applaudissements que le Pr Christian Perronne, ancien chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (AP-HP), est sorti de son audience devant la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre des médecins d'Île-de-France, situé dans le 15e arrondissement de la capitale, ce mardi 13 septembre en fin de matinée. Des centaines de personnes étaient réunies pour apporter leur soutien au praticien, à qui l’Ordre reproche ses prises de position controversées sur le Covid-19.
Sortie de Pr Perronne après avoir été entendu ce Mardi par l'ordre des médecins , énormément du monde même #Macron n'est pas acclamé comme ça! Son avocat a pris la parole puis Pr #Perronne pour remercier les citoyens, verdict courant mois d'Octobre 22. #SoutienPrPerronne pic.twitter.com/QtXwW1ipa1
— LE GÉNÉRAL 0ff (@Le_General_0ff_) September 13, 2022
Parmi ses "supporters", des citoyens, des soignants non vaccinés suspendus, mais aussi des personnalités publiques et politiques, comme le chanteur Francis Lalanne ou le président des Patriotes, Florian Philippot. Ce dernier a déclaré : "Le Pr Perronne est un médecin qui a défendu haut le serment d’Hippocrate, quand tant d’autres qu’on voit à la télévision se sont couchés sous des montagnes de fric, de conflits d’intérêts et de corruption ! […] A travers lui, on soutient tous les médecins qui sont en permanence harcelés par le conseil de l’Ordre voire la justice." Sur Twitter, la veille, Florian Philippot appelait ouvertement à dissoudre l’instance ordinale.
Actuellement en manif de soutien au Pr #Perronne honteusement convoqué par le conseil de l’Ordre !
— Florian Philippot (@f_philippot) September 13, 2022
Soutien à tous les médecins qui soignent et à tous les suspendus ! pic.twitter.com/qcHwjynjC1
Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la France, était également présent pour soutenir le Pr Perronne et a défendu "la liberté de prescrire" et "de conscience" du médecin, qui "n’a pas à obéir à l’Etat".
Retrouvez mon intervention lors de la manifestation en soutien au Professeur #Perronne, scandaleusement convoqué devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des Médecins ! pic.twitter.com/Dvqz5HA97u
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) September 13, 2022
Visé par deux plaintes Deux plaintes avaient été déposées contre le Pr Perronne en 2020 : l’une par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et l’autre, par un confrère de l’AP-HP Dans une tribune publiée sur France Soir, l’avocat de l’infectiologue, Me Thomas Benages, explique que l’Ordre considère que son client a violé le Code de la santé publique en s’exprimant publiquement et en mettant "gravement en cause des confrères ayant pris en charge un membre de sa famille ou ayant participé à des décisions sanitaires des pouvoirs publics". Sur Sud Radio, l’infectiologue avait affirmé en octobre 2020 que les malades du Covid représentaient une aubaine financière pour les médecins et les hôpitaux, déclarant entre autres qu’"un médecin généraliste qui déclare un test Covid positif pour l'un de ses patients, il touche de l'argent. Donc il a intérêt à faire beaucoup de tests". Le ministère avait aussitôt réagi par voie de communiqué et qualifié les propos du Pr Perronne de "regrettables". Ces affirmations "traduisent la remise en cause, par un médecin, de la déontologie et de l'éthique des équipes médicales et soignantes" et "jettent le discrédit sur des professionnels fortement mobilisés". D’autres propos sont en cause, cette fois-ci tenus mi-juin 2020 sur BFMTV. Sur le plateau de la chaîne d’information en continu, l’infectiologue, qui venait de faire paraître un livre réquisitoire sur la gestion de la crise sanitaire par le Gouvernement, intitulé Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise ? affirmait que l'hydroxychloroquine aurait permis d'éviter 25.000 décès si elle avait été prescrite massivement en France. Selon lui, "tous les opposants à ce traitement sont ‘achetés par l'industrie pharmaceutique’". Il avait également accusé des médecins du CHU de Nantes d'avoir "laissé crever [son] beau-frère" en refusant de lui prescrire ce traitement, là encore sur un plateau TV.
La deuxième plainte a été déposée par un jeune confrère de l’AP-HP, victime d’attaques ad hominen de la part du Pr Perronne. Attaques qui "contreviennent gravement à la confraternité", dénonçait alors la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris, qui avait adopté à l’unanimité une motion le 1er décembre 2020. "De tels propos sont indignes et doivent être sévèrement sanctionnés", stipulait cette motion. Le 17 décembre 2020, la direction générale de l'AP-HP mettait fin aux fonctions du Pr Perronne de chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de Garches. Dans un communiqué, elle expliquait que "depuis plusieurs mois, dans un contexte de crise sanitaire, le Pr Christian Perronne a tenu des propos considérés comme indignes de la fonction qu’il exerce. Le collège de déontologie avait été saisi et l’avait souligné dans un avis qui avait été remis à l’intéressé qui n’en a pas tenu compte." Verdict en octobre Sur une petite estrade installée au milieu de la foule, ce mardi matin, le Pr Christian Perronne a rendu compte à ses soutiens de l’audience devant ses pairs. Il a indiqué que "les discussions étaient très calmes et sereines". "Toute ma carrière, je l’ai dévouée aux malades. C’est ça la vraie déontologie médicale, c’est d’être au service des patients. […] Je suis fier de tout ce que j’ai fait. Je pense que je l’ai fait avec mon âme", a ajouté le professeur controversé, qui a été l’un des figures du documentaire complotiste Hold-Up. La chambre disciplinaire devrait rendre son verdict en octobre. [avec L’Express]
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