Une enquête ouverte après le décès d'un lycéen victime d'un malaise cardiaque en pleine épreuve du bac
Le drame a eu lieu ce mardi après-midi au lycée Gaston Berge, à Lille. Alors que plus de 70 élèves en STMG planchent sur l’épreuve de Bac éco-droit, aux alentours de 14h, l’un d’eux chute de sa chaise. Voyant leur camarade inanimé au sol, des lycéens se précipitent sur lui, raconte La Voix du Nord. Victime d’un malaise cardiaque, le lycéen de 19 ans est pris en charge par les pompiers et une équipe du Samu. Il sera transféré au centre hospitalier où il décèdera quelques heures plus tard, à 19h.
Selon France 3, qui a recueilli le témoignage du père de l’adolescent, il était arrivé d’Oran (Algérie) à Ronchin, en banlieue lilloise, à l’âge de 3 ans pour être soigné d’une cardiopathie sévère. Suivi au CHR de Lille, il avait reçu un pacemaker. Il demeurait sous étroite surveillance. D’après un camarade qui s’est exprimé dans La Voix du Nord, il devait "souvent rater les cours pour aller à l’hôpital".
Ce camarade, ainsi que d’autres élèves, dénoncent, dans les médias locaux, le manque de réactivité des 8 surveillants adultes qui se trouvaient dans la pièce. "Les élèves se levaient pour aller voir ce qu’il avait, on leur disait de se rasseoir, de continuer le bac. Un adulte continuait à passer dans les rangs pour faire signer la feuille de présence, alors qu’il était toujours par terre. Il ne parlait plus, commençait à devenir bleu. Une élève s’est levée quand même et l’a mis en PLS."
Se disant "choqué" par le fait que la victime du malaise ait été "laissée seule un moment par terre" – 20 minutes selon les témoignages, le lycéen ajoute qu’une CPE est "arrivée en courant" et "a appelé les secours". Selon La Voix du Nord, ces derniers avaient déjà été prévenus à ce moment-là. Mais le camarade de la victime déplore que "personne" n’ait "pu lui faire de massage cardiaque". "Si on ne l’avait pas laissé si longtemps seul, il serait peut-être encore là."
Selon le même élève témoin, les lycéens ont été conduits dans une autre salle pour poursuivre leur épreuve. Mais ces derniers ont refusé de continuer alors "que quelqu’un était en train de mourir". "On est tous sortis." L'épreuve a été reportée à la semaine prochaine.
Interrogé par nos confrères sur les critiques liées à un manque de réactivité, le rectorat n’a pas souhaité répondre. La rectrice a toutefois adressé, dans un communiqué diffusé mercredi, "ses très sincères condoléances" aux proches, apportant par ailleurs son "soutien" à l’équipe de l’établissement. Selon l’AFP, le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a également appelé la mère du jeune homme décédé. Et une cellule d’écoute a été mise en place pour le personnel du lycée et les élèves.
Sur les réseaux sociaux, le drame a indigné les internautes. Dont une partie du corps médical. De nombreux appels à former les enseignants et les élèves aux gestes de premiers secours ont été lancés par des professionnels de santé.
L’info sur l’arret cardiaque de l’ado non secouru est tres destabilisante.
— Mathias Wargon (@wargonm) March 23, 2023
Vous êtes chef d’entreprise, cadre dans le public ou le privé ? Vous voulez faire du team building? Organisez une journée secourisme !!! Demain c’est peut-être vous qui aurez besoin d’être massé! pic.twitter.com/2WXzLZVAL1
Est ce que les surveillants qui ont refusé de réanimer le lycéen en arrêt cardiaque l’ont fait par sadisme ?
— Vie De Carabin (@VieDeCarabin) March 23, 2023
Ou est ce qu’ils étaient paralysés parce qu’ils n’avaient pas été formés aux premiers secours et à la gestion du stress ?
Je ne peux pas le savoir, je n’y étais pas.
Le délai entre le moment de l'arrêt cardiaque et le début de réanimation est primordial. Les témoignages sur la gestion de la prise en charge sont édifiants. Il faut que la formation aux gestes de 1er secours intègre les programmes scolaires et ce dès le collège. #Bac2023 https://t.co/pKOsPbqvT1
— Jamme Matthieu (@matjamme) March 23, 2023
Pap Ndiaye, qui se rendra lundi 27 mars dans le lycée, a annoncé dans un communiqué l’ouverture d’une enquête administrative de l’Inspection générale "afin d'éclaircir les conditions de sa prise en charge avant l'arrivée des secours". "Les résultats sont attendus d'ici un mois", a-t-il précisé. Parallèlement, la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, a indiqué avoir "diligenté une enquête […] afin de circonscrire très exactement les causes et circonstances du décès".
Suite au décès d'un élève du lycée Gaston Berger de Lille, j'ai saisi l'Inspection générale d'une enquête administrative afin d'éclaircir les conditions de sa prise en charge avant l'arrivée des secours. Je renouvelle mes condoléances à sa famille et à la communauté éducative. pic.twitter.com/APMkbvRe6f
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) March 23, 2023
[avec La Voix du Nord, France 3 et AFP]
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