Alors que le Premier ministre a déclaré que “la deuxième vague est là”, l’Ordre national des infirmiers a tenu à alerter, ce dimanche, sur l’épuisement des professionnels de santé. Dans une consultation réalisée du 2 au 7 octobre auprès des 350 000 inscrits à l’Ordre et à laquelle 60.000 infirmiers ont répondu, ces derniers “décrivent une organisation fragilisée, parfois même en risque de rupture, et un état de fatigue et de découragement avancés”. En quelques mois par exemple, les situations d’épuisement professionnel ont pratiquement doublé. 57% des répondants ont indiqué être dans ces situations, contre 33% avant la crise sanitaire. Pour 48% d’entre eux, cela peut avoir “un fort risque d’impact sur la qualité des soins”. Parmi les infirmiers exerçant en établissement, un tiers (33%) considère “être moins nombreux que d’habitude”. Plus de la moitié (57%) déplorent de “ne pas disposer du temps nécessaire pour prendre en charge les patients”.
[Communiqué ] Alors que l’épidémie de la #covid19 s’accélère à nouveau, @OrdreInfirmiers alerte sur la situation en tension des 700 000 infirmiers de France. Près de 60 000 #infirmiers ont répondu à notre consultation
https://t.co/wmslXHtqiL pic.twitter.com/67PodwlOPV— Ordre des Infirmiers (@OrdreInfirmiers) October 11, 2020
Sans surprise, deux tiers des infirmiers affirment que leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de la crise sanitaire. “Alors que 34.000 postes d’infirmiers sont vacants en cette rentrée 2020 et qu’il faudrait en créer encore plus pour répondre réellement aux besoins du terrain, ces conditions de travail dégradées nous font courir le risque de voir toujours plus d’infirmiers ‘jeter leur blouse’”, alerte l’Ordre dans son communiqué. En effet, 37% des sondés racontent que “la crise que nous traversons leur a donné l’envie de changer de métier”. 43% “ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans cinq ans”. Outre la charge de travail qui a augmenté depuis le début de la crise pour 59% d'entre eux (75% pour les infirmiers salariés ou exerçant en établissement), près d'un infirmier sur cinq remonte qu’il “n'a pas pu prendre de congés depuis mars dernier”. Ce chiffre s’élève à 29% parmi les libéraux. Face au surcroît d’activité général lié au Covid et au manque de moyens humains et matériels, 30% des infirmiers indiquent qu’ils "exercent des tâches qui sortent de leur champ de compétences réglementaire”. Autre réalité pointée du doigt : 3,5% des personnes interrogées déclarent avoir été invitées “à venir travailler alors qu'elles avaient été testés positifs au Covid-19 (4,5% en établissement)”, alors que le manque d’équipements de protection est soulevé par 44% des infirmiers (68% pour les libéraux). “Revaloriser la profession” Un peu moins de la moitié des soignants interrogés (43%) regrettent de ne pas être “mieux préparés collectivement pour répondre à une nouvelle vague de contaminations”. 47% des infirmiers (55% en libéral), considèrent par ailleurs “qu’on ne se repose pas suffisamment sur eux en ville pour lutter contre le Covid et ses conséquences”, notamment pour réaliser des tests de dépistage ou encore pour assurer le suivi à domicile des patients contaminés. Pour protéger les soignants, l’Ordre appelle à mettre en place “des mesures urgentes” et insiste sur l’importance de renforcer l’attractivité du métier. “Au-delà des considérations de court terme et de gestion de crise, nous devons à tout prix revaloriser la profession infirmière, certes financièrement, mais aussi et surtout la rendre plus attractive”, réclame Patrick Chamboredon, président de l’instance, qui propose notamment de favoriser l’autonomie de ces professionnels mais aussi les évolutions de carrière.
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