Lancée ce lundi 25 septembre par le ministère de la Santé, la campagne contre la banalisation de la consommation d’alcool chez les jeunes a choqué nombre d’internautes, notamment de médecins. Une polémique en chasse une autre. Il y a deux semaines, la cellule investigation de Radio France révélait que le ministère de la Santé avait retoqué deux campagnes de prévention sur l’alcool. Certains pointaient du doigt les pressions du lobby du vin sur l’Elysée, et une auto-censure du côté de l’avenue de Ségur. Interrogé par nos confrères, le ministère s’était justifié en expliquant qu’il avait souhaité "prioriser" la cible de "jeunes" sur la thématique, compte tenu "du nombre important de campagnes portées par l’État et ses opérateurs dont Santé publique France sur le deuxième semestre 2023". Dans ce contexte, et alors que "la rentrée est synonyme de fêtes étudiantes", le ministère et SpF ont donc lancé hier leur campagne à destination des 17-25 ans, intitulée "C’est la base". Diffusée jusqu’au 8 novembre - essentiellement sur les réseaux sociaux, elle vise à "sensibiliser les jeunes aux risques de consommation de l’alcool et des drogues". En effet, les consommations de substances psychoactives restent "très largement répandues" chez cette population, indique SpF. En 2022, 81% des ados de 17 ans avaient déjà expérimenté l’alcool et 30% le cannabis. Si le ministère et SpF affichent leur volonté de responsabiliser les jeunes en les invitant à "se protéger et à protéger les autres" des risques de l’alcool, la campagne a suscité de vives réactions du côté des professionnels de santé. L’opération, qui s’appuie sur 6 clips vidéo au ton amical, passe à côté de son ambition de départ, jugent des médecins sur les réseaux sociaux. Pire, elle "inciterait" même à la consommation. En l’occurrence, l’un des conseils prodigués dans ces spots a consterné ces internautes : "Boire aussi de l’eau si on consomme de l’alcool, c’est la base".
- Michel, il faut dissuader les jeunes de boire de l'alcool, c'est si dangereux !
- Ben non les mecs du lobby de l'alcool, ils veulent pas.
- C'est eux qui décident maintenant ?
- Apparemment.
- Bon. Ben dites leur de boire de l'eau après s'être bourré la gueule au moins...
- https://t.co/4sXvZChQIO— JD - Asclépios (@Asclepios_YT) September 25, 2023
Boire de l’eau si on consomme de l’alcool … wokay #préventionàlafrancaise https://t.co/T6Dj1s6ea1 pic.twitter.com/mdkHjP4NjF
— Sebastien T #Extravagant (@SebastienThos) September 25, 2023
"Quel est l’esprit malade qui a pondu cette campagne ? Quel en est le coût ? Qui l’a validée ? Des noms. Que l’on sache qui sabote la santé publique", s’est insurgé le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, sur X (anciennement Twitter). "Chez les 15-34 ans, la consommation d’alcool est responsable d’un décès sur quatre. 1 sur 4… Donc on comprend qu’une campagne de lutte contre l’alcool chez les jeunes cherchant à banaliser cette pratique avec des visuels souriants choque", a écrit le Dr Jérôme Barrière. "Du jamais-vu", a réagi le sénateur-médecin Bernard Jomier. "Voici donc la campagne sur l’alcool qui a franchi la censure élyséenne. Les alcooliers peuvent être tranquilles : elle ne contient aucun message de réduction de consommation."
Sur X, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a lancé la campagne en expliquant que "la santé publique, c’est définir des priorités et choisir des messages. Ils peuvent se discuter bien sûr…pas notre détermination à lutter contre ce fléau de santé publique." Pour rappel, l’alcool est responsable de 41 000 décès chaque année en France.
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