Dans un second rapport publié par l’Agence nationale de sûreté du médicament et par la Caisse nationale d’Assurance maladie portant sur l’usage des médicaments de ville pendant le confinement, le groupe scientifique EPI-PHARE révèle que le phénomène de stockage massif de produits par les Français s’est atténué. En revanche, les ventes de nombreux médicaments sur ordonnance, notamment les vaccins, ont continué à chuter.
Un second volet de l’étude sur la consommation des Français en médicaments de ville pendant l’épidémie, réalisé par le groupe scientifique EPI-PHARE et porté par la Cnam et l’ANSM vient d’être publié. Réalisée à partir des données nationales de remboursement de l’Assurance Maladie, cette étude a pour objectif de montrer les comportements de consommation de la population vis-à-vis des médicaments prescrits pendant la crise Covid.
Cette fois, après cinq semaines de confinement, 58 classes thérapeutiques ont été comparées, tout comme le nombre de personnes ayant eu une délivrance remboursée en pharmacie chaque semaine depuis mars 2020, mis en relief avec le nombre “attendu” estimé sur la base de la même période en 2018 et 2019.
Les premières conclusions publiées après deux semaines de confinement révélaient un phénomène de stockage massif de médicaments, le délaissement de vaccins et l’augmentation de prescriptions de paracétamol et des ordonnances de Chloroquine et d’Hydroxychloroquine.
Cette fois, l’étude apporte de nouveaux éléments après cinq semaines de confinement, notamment un retour à une consommation plus “normale” des médicaments et des inquiétudes importantes concernant la vaccination.
Stockage des médicaments
Après un phénomène massif de stockage de médicaments au début du confinement (du 16 au 29 mars), la semaine du 6 au 12 avril (semaine 15) a été marquée par...
une sous-consommation de médicaments, avant un “retour à la normale” à partir du 13 avril jusqu’au 19 avril (semaine 16).
Traitement des maladies chroniques
Les deux premières semaines du confinement ont été marquées par une forte croissance des délivrances sur ordonnance en pharmacie de médicaments des maladies chroniques (médicaments des pathologies cardiovasculaires, du diabète, des troubles mentaux notamment). Ce niveau était supérieur à ce qui aurait été attendu en situation habituelle hors Covid, avec un surcroît du nombre de patients ayant eu une délivrance atteignant +20 à +40% selon les classes thérapeutiques. La semaine 15 a été marquée par une sous-consommation avant un retour vers une consommation normalisée en semaine 16 (du 13 au 19 avril).
Au total, le solde positif de patients ayant eu une délivrance durant les cinq premières semaines de confinement était par rapport à l’attendu de +900 000 pour les antihypertenseurs, +415 000 pour les statines et +300 000 pour les antidiabétiques insuliniques ou oraux. “La possession de médicaments en quantité suffisante ne veut néanmoins pas dire que les adaptations thérapeutiques fines des doses nécessaires pour certains traitements, comme l’insuline, les anticoagulants et les antihypertenseurs ont été réalisées, tout comme le suivi biologique qui doit être associé”, précise EPI-PHARE.
Délivrance des médicaments dont l’administration nécessite le recours physique aux professionnels de santé
L’étude montre un véritable effondrement sur toute la période de confinement. Les chiffres tombent à -35% à -71% pour les vaccins entraînant possiblement une prise de retard dans le calendrier vaccinal. Dans le détail, en semaine 16, la baisse atteignait -35% pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons, -67% pour les vaccins anti HPV, -43% pour le ROR, -71% pour les vaccins antitétaniques.
La baisse est également de -40% pour le traitement ophtalmologique de la...
dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), -68% pour les dispositifs contraceptifs intra-utérins (DIU, stérilets) avec progestatif. Le phénomène est aussi identique pour les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux tels que coloscopies (-82% du 13 au 19 avril), scanners (-66 %) et IRM (-67 %).
Baisse de consommation des AINS et explosion du paracétamol
Déjà, au début du confinement, la délivrance des AINS avait connu une baisse de -60% entre le 23 et le 29 mars. Cette baisse se confirme avec une chute de -70% sur la semaine.
La dispensation d’ibuprofène a été quasiment arrêtée à la suite des messages des autorités sanitaires concernant un possible facteur d’aggravation de l’infection Covid, tandis la délivrance sur ordonnance de paracétamol a atteint jusqu’à 1 million de patients par jour (pic le 16 mars).
Traitements antibiotiques
Entre la troisième semaine et la cinquième semaine de confinement, la consommation d’antibiotiques polyvalents (ATC J01, systémiques utilisés habituellement pour les infections bactériennes ORL, pulmonaires…) a chuté de -23% à -40% par rapport à une consommation habituelle au mois d’avril. Cette baisse a été particulièrement marquée chez les enfants, atteignant -75% en semaine 16 parmi les personnes âgées de moins de 20 ans.
Traitements médicamenteux en lien potentiel avec le Covid
Le premier volet de l’étude démontrait, au mois de mars, que le nombre de personnes avec délivrance sur ordonnance de chloroquine/hydroxychloroquine a fortement augmenté, particulièrement...
en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Pour le traitement du Covid-19, les achats sur prescription médicale de chloroquine et hydroxychloroquine ont été limités dans le temps : l’association hydroxychloroquine et azithromycine, qui n’était qu’exceptionnellement utilisée avant l’épidémie de Covid-19, a bondi de 7 000 % en semaine 13 (23 au 29 mars) pour atteindre environ 10.000 patients.
L’azithromycine avait augmenté par rapport à l’attendu de 70% en semaines 13 et 14 et concernaient environ 100 000 personnes supplémentaires. L’association hydroxychloroquine et azithromycine qui n’était qu’exceptionnellement utilisée avant l’épidémie de Covid-19 avait bondi de 7 000 % en semaine 13. Au total durant les 5 semaines de confinement le surplus de personnes concernées par cette association était de l’ordre de 10 000 patients pour la France entière.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus