Le pass sanitaire a permis d’éviter 4000 décès liés au Covid-19, selon une étude
Alors que le pass sanitaire devrait dans les prochains jours être transformé en pass vaccinal, le Conseil d’analyse économique (CAE), - un organisme rattaché à Matignon -, en collaboration avec l’OCDE et l’Institut Bruegel, publie ce mardi une étude visant à évaluer son impact sur la société française : en l’occurrence, son impact sur les décès, les admissions à l’hôpital, la vaccination, mais également l’économie du pays.
Ainsi, selon le CAE, grâce au pass sanitaire, quelque 4.000 décès dus au Covid-19 auraient été évités, depuis sa mise en place cet été jusqu’à la fin de l’année 2021. En Allemagne et en Italie, deux autres pays ayant mis en place des pass sanitaires semblables à ceux de la France (c’est-à-dire certifiant du statut vaccinal, du rétablissement du Covid‐19 ou d’un test récent négatif), respectivement 1.100 et 1.300 morts ont été évités.
Par ailleurs, le Conseil d’analyse économique montre que ce pass – qui a soulevé un certain nombre de questions éthiques – a permis d’accroître le taux de vaccination d’environ 13 points de pourcentage de la population totale en France (fin 2021, ce taux aurait été de 65,2% sans ce pass sanitaire, contre 78,2% observé), de 6,2 points en Allemagne (il aurait été de 67,3% contre 73,5%) et de 9,7 points en Italie (où il aurait été de 70,4% contre 80,1% à la fin d’année).
Source : rapport du Conseil d’analyse économique.
"C’est donc en France que l’impact a été le plus fort et en Allemagne qu’il a été le plus faible. Une interprétation est que contrairement à la France, la communication autour du pass sanitaire a été moins claire, les restrictions d’activités sans pass moins fortes et la mise en place moins centralisée. Cela suggère que les modalités de mise en œuvre du pass sanitaire sont déterminantes pour son efficacité", avancent les auteurs de l’étude.
Selon eux, l’impact aurait également été positif sur les admissions à l’hôpital. "Le nombre cumulatif d’admissions en hôpital à la fin de 2021 aurait été environ 31% plus élevé en France" sans la mise en place du pass sanitaire, "5% en Allemagne et 15,5% en Italie". En soins intensifs, les chercheurs indiquent que les pass sanitaires ont pu permettre de réduire le nombre de patients "via l’augmentation du taux de vaccination". En France, "nous estimons ainsi que le nombre de patients Covid en soins intensifs aurait été fin 2021 d’environ 45% supérieur à ce qui a été observé avec le pass sanitaire. La différence n’est pas anodine : elle aurait entraîné des niveaux de pression hospitalière au‐dessus des seuils atteints lors des confinements précédents", écrit le CAE.
Les auteurs soutiennent que cela a permis de réduire le risque de "mesures de politiques publiques plus strictes", comme les confinements. En Italie, comme en Allemagne, l’impact du pass sanitaire sur les soins intensifs semble avoir été "plus faible et moins déterminant".
Des pertes de plus milliards d’euros évitées
Politiques publiques strictes évitées, l’économie de la France a ainsi pu être soulagée, notent les auteurs. En effet, le pass sanitaire a permis aux "personnes vaccinées d’avoir, avec moins de risque, davantage d’interactions sociales et économiques". "En moyenne augmenter la part des vaccinés dans la population de 1 point de pourcentage permet d’augmenter le PIB hebdomadaire un mois plus tard d’environ 0,052 point de pourcentage", montre l’étude, qui a utilisé pour cela les données de l’OCDE. Fin 2021, sans le pass sanitaire, "le PIB hebdomadaire aurait ainsi été 0,6% (l’intervalle de confiance est de 0,5‐0,8%) plus bas en France, 0,3 (0,1‐0,4) % plus bas en Allemagne, et 0,5 (0,3‐0,6) % plus bas en Italie".
Pour le second semestre de 2021, cela correspond à des pertes d’environ 6 milliards d’euros en France, 1,4 milliard en Allemagne et 2,1 milliards en Italie.
Pour en venir à ces conclusions, les auteurs ont modélisé ce que la dynamique de vaccination aurait été sans la mise en place du pass sanitaire, en utilisant "une estimation basée sur la théorie de diffusion des innovations qui permet de quantifier la manière dont une innovation – ici la vaccination – est graduellement adoptée par la population". "Cette première méthode est validée par la méthode économétrique standard du contrôle synthétique qui consiste à générer le contrefactuel en créant un pays ‘synthétique’ (pour chacun des trois pays étudiés) sur la base de pays qui n’ont pas adopté le pass sanitaire mais qui avaient une dynamique de vaccination similaire au pays étudié avant l’introduction du pass sanitaire. Ainsi, la République tchèque et la Belgique sont deux pays au poids important pour construire le contrefactuel", explique-t-on.
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