Ce vendredi, était organisée la 3ème édition de Pharmacité, l'Université du Leem. Médecins, industriels, patients et cadres de santé étaient réunis pour réfléchir à la manière dont nous serons soignés en 2030. Le Pr Lionel Naccache, neurologue, chercheur en neurosciences cognitives et membre du Comité national d'éthique, Gérald Bronner, sociologue spécialiste des croyances collectives et membre de l'Académie nationale de médecine, et Marine Barnerias, patiente auteur du livre "Seper hero", ont débattu de l'avenir de la relation médecin / patient. "Nous sommes réunis pour penser la santé de demain", a indiqué en préambule, le Dr Philippe Tcheng, président du Leem, tout juste élu depuis le 11 septembre dernier, et organisateur de l'événement. "Le Leem accompagnera cette transformation du système de santé, il reste de très nombreux défis à relever", a-t-il ajouté avant de laisser la parole aux premiers débatteurs de cette Université d'été, les Pr Lionel Naccache, Gérald Bronner et Marine Barnerias.
"Nous n'avons pas d'idée précise de ce que sera la santé en 2030 mais ce qui est sûr, c'est que nous traversons une période inédite. Beaucoup de promesses sont en attente de réalisation", a prédit le Pr Naccache, appelant toutefois à la vigilance. "Nous évoluons vers une médecine de plus en plus individualisée et préventive. Il ne faudra pas créer de fossés avec les patients, lourdement handicapés par exemple, qui sortiront de ce cadre agréable".
Lionel Naccache (@HopPitieSalpe) : "On a un développement d'une médecine de plus en plus préventive." #Pharmacité pic.twitter.com/RtWxM4N6Fc
— Leem (@LeemFrance) 14 septembre 2018
L'individualisation de la médecine a été au cœur de ce débat. C'était l'une des demandes de Marine Barnerias, patiente de 24 ans atteinte de sclérose en plaque. "Il faut remettre l'humain avant le médicament", a-t-elle exhorté pour 2030. Mais selon Lionel Naccache, cette évolution du soin a déjà été amorcée. "Nous sommes passés d'un modèle vertical à un modèle dans lequel le patient est devenu un partenaire du soin", a-t-il observé tout en soulignant les effets pervers de cette évolution Selon le neurologue, la transformation du patient en partenaire de son praticien peut conduire à un phénomène de "rupture d'empathie et de culpabilisation du patient". "Tout ne repose pas sur la volonté du patient. On entend trop de phrases du type "il a arrêté de se battre", c'est faux. Le patient n'y est pour rien", a défendu le Pr Naccache.
Le sociologue Gérald Bronner a tenu à rappeler l'importance de l'asymétrie de la relation médecin/patient. "Il faut comprendre les raisons de son patient, ce qui ne veut pas forcement dire lui donner raison", a-t-il analysé avant de poursuivre : "rien n'est plus dangereux pour la connaissance que l'impression de savoir". "Il est absurde d'abolir l'asymétrie, ça serait démagogique, mais cela n'empêche pas d'être humain", a abondé le Pr Naccache. Et contre toutes attentes la piste de l'intelligence artificielle a été évoquée pour permettre au médecin de davantage se concentrer sur l'humain. "Les robots vont nous rendre plus humains et permettre d'externaliser les tâches laborieuses", a prédit Gérald Bronner. "L'intelligence artificielle va permettre de redéfinir la place du médecin. Ce dernier vérifiera l'expertise de l'intelligence artificielle et aura plus de temps dans la relation avec le patient", a renchéri le Pr Naccache. Le mot de la fin a été accordé à Marine Barnerias. Cette dernière a enjoint les médecins à prendre conscience du poids de leurs paroles. "Tout ce que vous dites a un impact immense pour nous", a averti la jeune femme avant de s'adresser aux laboratoires pharmaceutiques. "Il faut plus de transparence au niveau des recherches" pour que les laboratoires aient moins cette image de "pognon" qui leur colle à la peau.
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