Perception des médicaments : L'Académie de médecine épingle les médias et les pouvoirs publics
Si l'Académie de médecine constate que la défiance voire l'hostilité envers les médicaments "ne soit le fait que d’une minorité de la population, mais active et bruyante sur les réseaux sociaux", elle met en avant dans son rapport le rôle des médias et des pouvoirs publics qui ont "surévalués", le poids de cette minorité.
D'autant que la récente pandémie a confirmé "combien la perception du risque médicamenteux par le public est instable et parfois peu rationnelle". "Ce phénomène peut s’expliquer par la tendance forte de notre société qui est d’accorder la primauté au risque, au détriment du bénéfice, dans l’appréciation d’une innovation technologique", note le rapport, qui ajoute que "l’extension planétaire des réseaux sociaux qui répandent dans l’instantanéité de fausses informations, souvent plus virales et mieux mémorisées que les vraies, perturbe et assourdit la communication rationnelle fondée sur les seules données de la science".
Mesurer l'impact des messages
Le rôle des pouvoirs publics est largement perfectible pointe le rapport, qui souligne que "l’information du public, malgré certains efforts de communication de la part des autorités de santé, demeure globalement insuffisante". L'Académie préconise le renforcement de campagnes de communication sur le modèle de "les antibiotiques, c’est pas automatique", qui est restée dans les esprits des années plus tard. "Bien informer ne consiste pas seulement à émettre des messages pertinents ; c’est aussi s’assurer que ces messages ont été entendus et c’est mesurer leur impact."
Les scientifiques recommandent également aux pouvoirs publics de s'assurer à l'avenir "que les personnes mandatées par l’État pour s’exprimer en son nom n’ont aucun lien avec l’industrie pharmaceutique car, inévitablement, des chasseurs d’intérêts vont mener leurs enquêtes sur internet". Enfin, les messages institutionnels "devraient gagner en clarté pour être mieux compris, en s’appuyant par exemple sur la façon dont ils sont délivrés efficacement dans d’autres pays européens et en évitant la rhétorique moralisatrice qui a tendance à exaspérer".
"Quête du scoop"
Les médias ont également été épinglés dans le rapport. "La quête du scoop amène tout naturellement certains médias à focaliser l’attention du public sur...
les effets indésirables des médicaments plutôt que sur leurs bénéfices ou même simplement sur le fait que leur BBR [balance bénéfices/risques, NDLR] demeure favorable. Car le risque possède une plus grande force de captation de l’attention du public et le drame captive", relève l'Académie, qui regrette la propension de certains à jouer sur les peurs du public.
"Certains journalistes, très peu nombreux il est vrai, ont pu donner parfois, à cet égard, l’impression de redouter de manquer l’opportunité d’une exclusivité préférant alors prendre le risque de se tromper plutôt que de passer à côté d’une information 'sensationnelle', comme ce fut le cas pour le Lévothyrox ou l’hydroxychloroquine", constatent les scientifiques. Ainsi, l'outil médiatique provoque "des inquiétudes disproportionnées par rapport à la gravité toute relative de l’événement rapporté, générant des messages susceptibles d’entraîner des réactions de panique chez certains patients qui arrêtent brutalement et dangereusement leurs traitements en cours".
Les intervenants médiatiques, "médecins non spécialistes, 'experts auto-proclamés' avides de notoriété" sont pointés du doigts par le rapport. Quant aux journalistes, l'Académie leur reproche de privilégier "des pseudo-experts bardés de certitudes plutôt que les meilleurs scientifiques du domaine, par essence plus prudents dans leurs assertions".
"Mieux former ceux qui informent"
L'Académie de médecine recommande, pour une meilleure perception des médicaments, de rappeler à la fois les bénéfices et les risques liés à l’action, mais aussi ceux liés à l’inaction, mais aussi d'avoir l’honnêteté de dire parfois qu’on ne sait pas. Les réseaux sociaux doivent être plus utilisés pour transmettre les informations scientifiques validées et les messages institutionnels. Les pouvoirs publics devront d'ailleurs clarifier leurs messages et les rendre les plus factuels possible.
La formation initiale des professionnels de santé, "actuellement insuffisante dans le domaine de la vaccination" devra être améliorée estiment les scientifiques selon lesquels il faut "mieux former ceux qui informent sur les vaccins".
Enfin, l'Académie propose la mise en place, auprès des jeunes, d'une "formation à la culture scientifique, à la culture du risque (y compris médicamenteux) et à l’esprit critique, en particulier face aux réseaux sociaux, devrait être instaurée dès le collège".
De leur côté, les médias sont appelés à faire appel à "des experts indiscutables, en privilégiant les données objectives par rapport aux témoignages subjectifs fondés sur l’émotion et les expériences individuelles".
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