Le rapport de la commission d’enquête Covid de l’Assemblée est sans concession pour l'exécutif : "sous-estimation du risque", "pilotage défaillant de la crise”, le Gouvernement est accablé par le bilan du travail de cette commission, à l’issue de six mois d’audition. La France était "mal armée" face à la pandémie qui a éclaté en début d'année”, affirme le chef de file des députés LR Damien Abad. La gestion de la crise a été "chaotique" et a révélé des "failles structurelles", a renchéri devant la presse Eric Ciotti, rapporteur LR. La commission d'enquête a adopté mercredi matin ce rapport, qui pointe une série de manquements des pouvoirs publics en amont de la crise sanitaire et pendant, mais sans les voix des députés LREM qui se sont abstenus, dénonçant un rapport “partial et partiel”. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a lui défendu les actions menées : "nous avons montré que nous étions à la fois dans la gestion et dans l'adaptation de la politique qui est menée face à un virus qui bouscule l'organisation des pays du monde entier", a-t-il fait valoir. Au total, la commission d'enquête a mené plus de 50 auditions, dont celle de l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et de plusieurs ministres de la Santé successifs, durant quelque 130 heures au total. 96 plaintes contre des ministres ont été adressées à la Cour de justice de la République.
La France est au "4e rang des pays les plus touchés en Europe", relève Eric Ciotti. "Des pays ont mieux fait face que d'autres", a-t-il martelé, chiffres à l'appui : la moyenne dans l'Union européenne a été de 532 décès pour 1 million d'habitants, et la moyenne en France a atteint 727 décès. "Nous constatons un manque d'anticipation et une sous-estimation du risque épidémique, une baisse des stocks stratégiques", avec des "problèmes de fournisseurs" pas assez diversifiés, a listé Damien Abad. Il a rappelé durant la crise le "manque d'interministériel, de déconcentration et de décentralisation", les "messages contradictoires sur les masques, des défaillances sur la politique des tests" et encore les "grands oubliés" qu'ont été les maisons de retraite et les malades hors Covid. Et de s'exclamer : "Plus jamais ça!" Une trentaine de proposition pour gérer les crises sanitaires Eric Ciotti prône notamment de "retrouver une forme de souveraineté sanitaire" et de créer un "ministère de l'Anticipation des crises". Selon lui, la gestion même de la crise doit relever du ministère de l'Intérieur… Or "le ministère de la Santé l'a préemptée". Le rapport de plus de 200 pages, que l'AFP a pu consulter, contient une trentaine de propositions, dont également l'élaboration d'un "plan pandémie générique", l'idée d'un opérateur à qui serait confiée la gestion des stocks stratégiques, et l'instauration d'"agences départementales de santé sous l'autorité hiérarchique des préfets afin de faire de ces agences de véritables acteurs sanitaires de proximité". Il est préconisé aussi de "revoir en profondeur le modèle des établissements pour personnes âgées" en les rattachant par principe à un établissement de santé. [avec AFP]
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