Le rapporteur du projet de budget de la sécurité sociale pour 2019, Olivier Véran (LREM), neurologue, a estimé mardi qu'il faudrait "davantage s'appuyer sur les psychologues" pour pallier la pénurie de psychiatres hospitaliers, "problème de fond" du secteur selon lui, "au-delà" de son financement.
"Il n'y a rien de plus inéquitable que le financement de la psy aujourd'hui", a déclaré le député LREM de l'Isère, interrogé sur le manque de moyens des établissements psychiatriques lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes sociaux (Ajis). Les "7,2 milliards d'euros" qui leur sont alloués chaque année le sont de manière inégale et sans tenir compte des réalités des territoires, a estimé le Dr Véran. Les dotations individuelles variant de 100 à 180 euros par secteur, selon les endroits", a-t-il précisé. Mais "le gros problème de fond (...), c'est la démographie, vous pouvez mettre tous les moyens que vous voulez, si vous n'avez pas de médecin psychiatre (...) votre hôpital ne tourne pas". Selon ses propres constations, il faut parfois attendre jusqu'à 18 mois pour bénéficier d'un diagnostic en pédopsychiatrie. "Je siège au conseil de surveillance d'un établissement de psy [centre hospitalier Alpes-Isère] où il manque beaucoup de PH (praticiens hospitaliers), où il y a des unités qui sont fermées, mais ce ne sont pas des postes qui ne sont pas budgétés mais des postes qui ne sont pas pourvus", a insisté le député, évoquant la "difficulté" du métier, qui ne peut s'exercer qu'avec la "passion". "On produit des batteries de psychologues chaque année" sur un marché saturé, "dans le même temps on manque de psychiatres" et on fait appel à des généralistes étrangers pour aller dans les hôpitaux psy français", s'est indigné Olivier Véran. Le plan de refondation du système de santé récemment présenté par le gouvernement prévoit de développer les compétences des infirmiers en psychiatrie dans le cadre des pratiques avancées dès 2019. Mais il faudrait aussi "davantage s'appuyer sur le statut de psychologue" en revoyant s'il le faut leur formation, a suggéré Olivier Véran. Et peut-être "repenser le métier de psychiatre" et "les filières", a-t-il ajouté, estimant que "ce n'est pas forcément le même métier de s'occuper des troubles psychotiques à l'hôpital et de faire de la psychanalyse, de l'hypnothérapie en médecine de ville". Olivier Véran s'est félicité de l'adoption en commission des affaires sociales (qu'il préside), d'un amendement tendant à instaurer le paiement à la qualité en psychiatrie. Une expérimentation pourrait se lancer "en blanc", en 2020. Selon le rapporteur du Plfss 2019, la "psychiatrie et la dépendance seront les enjeux clés du quinquennat". [Avec l'AFP]
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus