Régulation à l’installation des médecins, PDSA, assistants médicaux : ce qui vous attend si Macron est réélu

17/03/2022 Par Marion Jort
A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a présenté lors d’une grande conférence de presse organisée à Aubervilliers ce jeudi 17 mars, son programme sur différents dossiers stratégiques : la défense, les retraites, les inégalités. Il a également détaillé ses priorités pour la santé, parmi lesquelles figurent la prévention et la lutte contre les déserts médicaux.  

 

Il aura fallu attendre une heure pour entendre parler de santé. C’est l’air grave, devant plus de 300 journalistes accrédités, que le chef de l’Etat, candidat à sa réélection, a présenté les grandes lignes de son programme aux Docks d'Aubervilliers, près de Paris. “Le projet que je présente, c’est un projet de cohérence, d’émancipation, qui se nourrit des crises que nous avons traversées ces dernières années”, a-t-il prévenu en préambule. “Je crois que nous sommes à un moment de bascule où nous pouvons véritablement changer les choses”, a assuré Emmanuel Macron, sans cacher que la "tyrannie des choses” pouvait bousculer le quotidien des Français. Une référence directe à la crise du Covid et la guerre en Ukraine, qui animent l'actualité.  

Malgré cela, “nous avons de grandes transformations à vivre”, a assuré le candidat La République en marche (LREM) en promettant, s’il est réélu pour cinq ans, des mesures qui seront mises en œuvre “avec une méthode nouvelle”. “Avec vous n’est pas qu’un slogan”, a-t-il martelé, avant de dévoiler les trois grands axes de sa campagne : faire de la France une nation plus indépendante, valoriser une société plus unie autour du “vivre mieux” et de la lutte contre les inégalités ; et consolider le pacte républicain.  

 

“Le Ségur n’a pas permis de régler le problème de fond” 

Si de la crise sanitaire il a été question, le Président n’a pour autant pas fait de la santé l’un des axes forts et indépendants de sa campagne. Inclue dans son deuxième axe portant sur “une société plus unie”, c’est par le biais de l’égalité entre tous les citoyens qu’il a amené ses principales propositions. “Si nous voulons une société plus unie, il faut davantage lutter contre les inégalités à la racine”, a justifié Emmanuel Macron, en promettant toutefois de faire de la santé “un chantier majeur” du prochain quinquennat.  

Le chef de l’Etat est parti d’un premier constat : l’investissement financier ne suffit pas. “On le voit, même avec le Ségur de la santé, on n’a pas réglé le problème de fond”, a-t-il concédé. “Il faut qu’on arrive à remobiliser différemment les énergies et redonner la possibilité à celles et ceux qui travaillent sur cela au quotidien d’adapter les mesures aux réalités de terrain. Nous devons sortir des guerres de position dans laquelle nous sommes.” Puis, d’embrayer avec une question rhétorique : “Comment va-t-on réussir à changer de méthode pour faire bouger les choses avec toutes les parties prenantes ?”  

Deuxième constat opéré par Emmanuel Macron : la France est à la traîne sur la question de la prévention, malgré des investissements conséquents selon lui en la matière, en citant pour exemple la stratégie cancer ou la création des bilans de santé. Enfin, troisième et dernier constat : 10% des Français n’ont pas de médecin traitant aujourd’hui, et les déserts médicaux s’aggravent.  

Comment agir ? “En laissant la liberté d’initiative aux acteurs de terrain et en utilisant plusieurs leviers”, répond le président.  

 

Libérer du temps médical, alléger le quotidien des généralistes  

Bien sûr, il ne sera pas possible de former autant de médecins que nécessaire pour répondre immédiatement à la problématique des déserts médicaux. Alors, pour le candidat LREM, la solution passe par des assistants médicaux pour “libérer du temps médical” et ainsi pouvoir prendre plus de patients au quotidien. Il mise également sur des infirmières salariées conventionnées dans les zones sous-dotées sur lesquelles pourront s’appuyer les généralistes libéraux.  

En complément, Emmanuel Macron souhaite créer des référents territoriaux. N’importe quel professionnel de santé pourra l’être : pharmaciens et infirmières notamment. Ils auront à leur charge diverses compétences, des “gestes simples”, a-t-il indiqué, comme le renouvellement d'ordonnance. “Ce sont des choses pour lesquelles on peut parfois attendre des mois avant de voir son médecin traitant, qui peuvent nécessiter pour certains Français de faire une heure de voiture, ou qui sont impossibles car le médecin est parti à la retraite.” Les patients n’auront donc plus besoin de consulter leur généraliste pour ces actes.  

 

Lutter contre les zones sous-denses  

Comme ses adversaires à l’élection, la lutte contre les déserts médicaux figure en bonne place de son programme. Emmanuel Marcon a ainsi annoncé que les médecins seront soumis à la régulation à l’installation. Déjà plébiscitée par tous les candidats, la quatrième année d’internat du DES* de médecine générale sera mise en place, avec des stages obligatoires dans les zones rurales.  

Il est aussi important pour le chef de l’Etat “d’accompagner les jeunes issus des milieux ruraux dans leur installation pour le logement et sur le plan administratif”. Si la téléconsultation et la télé-expertise seront renforcées en cas de réélection, le président entend travailler sur les permanences de soin dans les territoires moins dotés, bien qu’il n’ait pas précisé comment ni avec quels moyens.  

 

Le numéro unique : la solution pour les urgences  

Parmi les priorités d’Emmanuel Macron, l’organisation des soins urgents à l’échelle du territoire. Il faudra que tous les professionnels de santé y participent “plus largement”, a-t-il annoncé, en s’appuyant sur un numéro unique qui permettra d’accéder à un rendez-vous “sous 48 heures maximum”. Le chef de l’État a pris pour exemple le service d’accès aux soins (SAS), développé par la rue de Ségur et qui “fonctionne très bien”.  

 

Décloisonner l’exercice ville-hôpital 

Les professionnels de santé ont peut-être l’habitude d’entendre parler de “renforcement du lien ville-hôpital”, mais Emmanuel Macron a, lui, préféré parler de “décloisonnement”. “On doit laisser faire sur les territoires, les hôpitaux, les maisons de santé pluriprofessionnelles et les libéraux comme ça a été le cas pendant la crise sanitaire”, a-t-il affirmé. “Ça s’est très bien organisé sur le moment, or, on voit que les silos sont réapparus.”  

Sur ce point, le chef de l’État a enfin plaidé pour un assouplissement de l’exercice hospitalier et libéral. “Il est frappant de voir qu’aujourd’hui, beaucoup de nos jeunes professionnels de santé hospitaliers veulent faire un peu libéral et surtout de voir que beaucoup de jeunes en libéral veulent avoir accès à un plateau hospitalier. Il faut leur en laisser la liberté”, s’est-il engagé.  Il a enfin promis de travailler sur les sujets de santé féminin, notamment de poursuivre les efforts engagés dans la prise en charge de l’endométriose. Il a par ailleurs estimé qu’une "convention citoyenne" serait adaptée pour trancher le débat sur la fin de vie. "Sur ce sujet, je souhaite que nous puissions avancer de manière apaisée, c'est pourquoi je pense que c'est un bon sujet pour une Convention citoyenne", a-t-il fait valoir. 

Emmanuel Macron a promis de détailler rapidement ses mesures, ne pouvant “pas être exhaustif” sur son programme à l’occasion de sa présentation. “Mais je le répète, il faut changer de méthode et assumer d’avoir un objectif national avec des leviers nationaux et des solutions bâties par des acteurs locaux”, a-t-il conclu.  

*Diplôme d’étude spécialisées

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