La hausse est particulièrement marquée chez les femmes de 55 à 64 ans, remarquent les organisateurs du "Mois sans tabac", lancé ce mardi 30 octobre. Les femmes en seront les premières cibles. "Nous allons voir très prochainement la mortalité par cancer du poumon passer devant celle du cancer du sein", avertit le Dr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France. Les femmes ont vraiment commencé à fumer dans les années 1970 et c'est cette première génération qui est aujourd'hui touchée de plein fouet par des maladies "masculines" : cancer du poumon, infarctus du myocarde, BPCO. Selon l'agence Santé publique France, la consommation de tabac a reculé en France en 2017 sauf chez les femmes de 45 à 54 ans, qui comptent 30,8% de fumeuses en 2017, contre 21,5% en 2000. Et toutes générations confondues, "le tabagisme des femmes stagne", a déploré la ministre de la Santé Agnès Buzyn lors de la conférence de presse de lancement de la troisième édition du Mois sans tabac. Or, les politiques de santé publique ne s'adressent pas encore spécifiquement aux fumeuses. Certains veulent voir cela changer. "L'année prochaine, la campagne contre l'alcool pendant la grossesse se doublera probablement d'une campagne contre le tabac", a ainsi indiqué François-Xavier Brouck, directeur des assurés à la DDGOS CNAMTS.
Car même enceintes, trop de femmes continuent à fumer 16% d'entre elles fument en fin de grossesse, soit un des taux les plus élevés d'Europe – il se situe entre 5 et 10% en Angleterre et dans les pays du Nord. On sait pourtant que le tabagisme maternel, un facteur de risque majeur pour la mère comme pour les bébés, peut entraîner des naissances prématurées voire la mortalité périnatale. Sur les 30% de femmes qui fumaient avant la grossesse en 2016, la moitié environ a arrêté avant le troisième trimestre (45,8%) et 45% avaient réduit leur consommation de tabac, mais sans arrêter complètement. "Les femmes enceintes ont l'idée fausse qu'aucun traitement ne peut les aider, alors que des substituts nicotiniques peuvent leur être prescrits", a souligné la tabacologue Nadia Lahlou. La grossesse est pour la moitié des fumeuses l'occasion d'arrêter le tabac mais 82% reprennent après l'accouchement : une "occasion manquée" qui plaide en faveur d'un soutien particulier des femmes même après la grossesse, dans leur intérêt comme dans celui du bébé qui sera moins exposé au tabac. Avec 12 millions de fumeurs et 200 décès par jour, "soit un crash d'avion" quotidien, le tabac reste une cause majeure de santé publique en France, a rappelé Agnès Buzyn, qui ambitionne de parvenir à "la première génération adulte non fumeur d'ici 2032". "La hausse du prix du tabac est la meilleure mesure pour inciter les gens à arrêter de fumer", assure-t-elle. La ministre a confirmé que la hausse du prix du paquet entamée en mars – environ 8 euros le paquet de cigarette, soit un euro de plus – allait se poursuivre par paliers, "jusqu'à 10 euros le paquet en 2022". [Avec AFP et nouvelobs.com]
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