La Cnam propose aux médecins une consultation de base à 26.5 euros : "C'est humiliant !"

02/02/2023 Par Aveline Marques
Ils ne s'attendaient à rien, mais sont quand même déçus. Après avoir suspendu leur participation aux groupes de travail "techniques" des négociations conventionnelles, les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont néanmoins accepté de se rendre porte de Montreuil, mercredi et jeudi, pour prendre (enfin) connaissance de la proposition tarifaire de la Cnam. Mais le tarif proposé pour la consultation de base, hors "contrat d'engagement territorial", est loin d'être à la hauteur de leurs attentes. 

 

À peine plus que le prix d'une baguette et moins qu'un ticket de métro parisien. Face aux syndicats, réunis chacun leur tour en séance de négociations "bilatérales" mercredi et jeudi, la Cnam a proposé une augmentation de 1.5 euro pour la consultation de base, soit une hausse de 6% par rapport au tarif de 25 euros, en vigueur depuis 2017. Douche froide pour les syndicats, qui revendiquent un "C" à 30 euros (CSMF, MG France) voire à 50 euros (SML, UFML).

"C'est humiliant", lâche le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, joint par Egora. Une "provocation" pour le SML, qui dans un communiqué accuse les gouvernants d'"inaptocratie". "On est très loin de ce qu'il faut pour développer une médecine libérale de qualité", commente Jérôme Marty, président de l'UFML, qui compare ces négociations à un "voyage en absurdie".

Malgré l'opposition unanime des syndicats, la Cnam campe sur sa position : seuls les signataires du "contrat d'engagement territorial" pourront prétendre à des niveaux de rémunération supérieurs. Or, "Les montants des niveaux 1, 2 et 3 de consultations n'ont pas encore été donnés", développe Luc Duquesnel. Le généraliste de Mayenne, qui vient d'être reconduit à la tête du syndicat, en est réduit à faire des conjectures : puisque la Cnam inclut l'APC des spécialistes (actuellement à 55 euros) dans le niveau 3, le niveau 1 (consult de base) des signataires du CET pourrait avoisiner les 30 euros, le niveau 2 serait aux alentours de "40-45 euros" et le niveau 3, donc, guère plus haut que 60 euros. 

Bien en-deçà de la proposition de la CSMF : pour répondre à la commande présidentielle de trouver aux 657 000 en ALD un médecin traitant d'ici la fin de l'année, le syndicat propose une première consultation pour ces nouveaux patients à 105 euros, une mesure à 68.5 millions d'euros. "Ce sont des consultations très longues, il faut récupérer le dossier médical, remplir le volet de synthèse médicale", argumente Luc Duquesnel.  

Pour les consultations de suivi, le compte n'y est pas non plus, déplore le syndicaliste. La Cnam propose de placer les consultations de patients en ALD suivis dans le niveau 2. "C'est un retour en arrière par rapport à ce qu'on a actuellement avec la visite longue, qui est 60 euros + majoration de déplacement, 4 fois dans l'année", souligne le président des Généralistes-CSMF. 
 

"On a le sentiment que l'Etat a déjà fait le choix du règlement arbitral" 

Pour les soins non programmés, autre problématique de l'accès aux soins, le syndicat propose un "contrat populationnel" : plutôt qu'une obligation individuelle, il s'agirait pour les praticiens de s'organiser collectivement pour répondre à cette demande, "comme on le fait déjà le soir de 20 heures à minuit, les week-ends et jours fériés".  

Or, non seulement la Cnam "ressort son CET" malgré la levée de boucliers de tous les syndicats qui dénoncent une multitude de "contraintes", mais il n'entrerait en vigueur qu'en… 2024. Les niveaux de rémunération supérieurs également, donc. "On était scotchés", lâche Duquesnel Et de s'interroger : comment, dans ces conditions, répondre à l'urgence de l'accès aux soins des patients en ALD ? 

Pour MG France également, la pilule a du mal à passer.

"L'ensemble des syndicats aujourd'hui sont plus qu'en colère de cette proposition à 26.5 euros, lance Jérôme Marty. Vous savez combien nous sommes différents les uns des autres, mais l'union tient."

De son côté, Luc Duquesnel commence à mettre en doute la volonté de la Cnam et de l'exécutif de parvenir à trouver un accord d'ici fin février. "À moins de 4 semaines de la fin, on n'a pas encore abordé des questions importantes, comme celle de la visite. On n'a encore posé les fondements de cette convention médicale, je n'ai jamais vu ça", déplore-t-il. "On a le sentiment que l'Etat a déjà fait le choix du règlement arbitral." 

 

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