Outils numériques : ce que vous réserve la Cnam
Le 20 juin dernier, l’Assurance maladie a dévoilé de nouveaux chiffres concernant le déploiement des outils numériques destinés aux professionnels de santé. Elle a également fait part des évolutions et des nouveautés à venir dans les prochains mois.
L’Assurance maladie est revenue ce jeudi 20 juin sur les nouveautés à prévoir concernant les téléservices qu’elle propose. Pour mieux comprendre les attentes des professionnels, elle a lancé il y a quelques mois un "club utilisateurs", composé de 14 médecins généralistes aux profils différents. L’objectif est de faire un «diagnostic [des outils] qui existent déjà, de voir comment on peut améliorer ou supprimer ceux qui ne marchent pas, [de comprendre] les attentes des médecins, et d’avoir leur retour sur les différents projets», a expliqué Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam.
Parmi cette quinzaine de praticiens, le Dr Yohan Saynac, généraliste à Pantin (Seine-Saint-Denis), a participé aux deux premières réunions. «On a abordé l’ergonomie du site Amelipro et la rubrique contact ; ça semble anecdotique mais pour nous, c’est extrêmement important. On s’est demandé dans quelle situation on contacte la CPAM. Dans certains cas, ça peut concerner un professionnel administratif. Dans un autre cas, ça peut concerner des informations relatives à l’état de santé d’un patient donc ça ne peut pas être traité par quelqu’un qui a un profil administratif. Alors, il doit y avoir des rubriques différentes, se souvient-il. On a passé trois heures à faire des propositions.»
«Il y a un enjeu à aller vers du 100% dématérialisé»
Le généraliste est plein d’espoir pour l’avenir de la santé numérique : «On voit qu’il y a un enjeu à aller vers du 100% dématérialisé parce que c’est plus simple, quand ça fonctionne bien c’est un gain de temps et ça permet de limiter le papier. Mais aussi car j’ai le sentiment que depuis la crise Covid, il y a une augmentation et une professionnalisation de certaines fraudes. On voit des gens qui sont de plus en plus organisés et donc en face, il faut qu’on leur apporte une réponse. Le fait d’aller vers le tout numérique, c’est une manière de protéger les professionnels», estime-t-il. Trois autres demi-journées de travail sont prévues d’ici la fin 2024.
Le directeur général de la Cnam a également passé en revue les derniers chiffres de Mon espace santé. Si 13,26 millions de Français ont déjà activé leur compte, les professionnels de santé sont également de plus en plus nombreux à utiliser la plateforme. 32,2 millions de DMP ont déjà été renseignés sur Mon espace santé et près de 224 millions de documents ont été ajoutés sur les douze derniers mois. Il s’agit principalement de comptes rendus d’examens biologiques (42%), de prescriptions de médicaments (21%) et de comptes rendus d’imagerie médicale (9%).
Au-delà de simplement alimenter les dossiers de leurs patients, les médecins consultent également de nombreux documents via la plateforme. Cependant, la tendance n’est pas aussi élevée que pour les patients. En juin 2023, 870 000 documents avaient été consultés par les usagers, contre 3,53 millions en mai 2024. Alors que chez les professionnels de santé, en juin 2023, 100 000 documents avaient été consultés, contre 250 000 en mai 2024.
Depuis mai, il est également possible de retrouver un agenda de santé, qui permet notamment de suivre les rendez-vous de dépistage. A l’instar de WhyDoc, d’autres applications ou services devraient également être référencés par le ministère de la Santé dans les prochains mois et seront accessibles via la plateforme. Mon espace santé doit aussi recueillir prochainement de nouveaux documents comme les arrêts de travail, les protocoles de soin ALD… ainsi que le carnet de santé des enfants contenant notamment les 20 vaccins obligatoires. Pour ce faire, l’Assurance maladie va permettre aux médecins d’ajouter ces documents directement via la plateforme Amelipro. L’objectif est également d’améliorer cette plateforme utilisée par plus de 450 000 professionnels de santé, en facilitant son utilisation et en ouvrant son accès aux professionnels exerçant dans les établissements de santé. De nouveaux services seront également proposés comme le fait de pouvoir consulter l’historique des arrêts de travail des patients.
22 millions d’ordonnances numériques déjà effectuées par les médecins
A l’instar de ces plateformes, un outil gagne du terrain en France, mais avec de réelles disparités entre les professions : l’ordonnance numérique. Si au 31 mai dernier, la moitié des médecins avaient un logiciel capable d’éditer ce type de prescription, seuls 20 000 (18%) en ont déjà réalisé une. Du côté des officines, seules 15% sont équipées de logiciels permettant de les lire et 12,5% en ont déjà réellement exécuté au moins une. Au total, plus de 22 millions d’ordonnances numériques ont été effectuées par les médecins, mais seulement 92 515 ont été exécutées par les pharmaciens. L’Assurance maladie prévoit de déployer progressivement ces ordonnances chez les médecins et de poursuivre les démarches d’accompagnement auprès des pharmaciens.
Déploiement de l'application Carte Vitale
Cette année est également marquée par le déploiement de l’application Carte Vitale dans les départements de l’Auvergne et de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Au mois de mai 2024, 1 791 professionnels de santé avaient facturé leur consultation grâce à ce dispositif permettant de dématérialiser la petite carte verte, contre 232 en mai 2023. Dans les prochains mois, l’Assurance maladie travaille pour rendre le dispositif compatible avec le site Amelipro. La généralisation de l’application Carte Vitale se fera progressivement en 2025.
40 000 médecins seront rencontrés
Pour encourager au mieux les professionnels de santé à s’habituer à ces nouvelles technologies, l’Assurance maladie a créé depuis 2023 Sentinelle. Il s’agit d’une petite équipe qui doit collecter les retours des médecins, repérer et résoudre leurs principales sources d’insatisfaction concernant les outils numériques.
En plus, 450 délégués du numérique en santé (DNS) ont jusqu’au 31 décembre prochain pour accompagner les professionnels de santé dans leur démarche de numérisation de leurs outils. Au total 40 000 médecins et 20 000 pharmaciens seront rencontrés en 2024.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus