thérapies digitales

Thérapies digitales : trois médecins spécialistes partagent leur expérience

Mardi 2 juillet, TechToMed organisait la troisième édition de DTxFrance, sa conférence sur les thérapies digitales, en partenariat avec Egora. Alors que ces thérapies restent peu utilisées et connues par les médecins français, cet événement a été l'occasion pour les Drs Charlotte Methorst, chirurgienne urologue, Guillaume Marchand, psychiatre, et Nathan Malka, cardiologue, de revenir sur leur usage de ces outils, prometteurs pour l’avenir.

 

04/07/2024 Par Mathilde Gendron
Thérapies numériques
thérapies digitales

Ce mardi 2 juillet, la société TechToMed, qui associe le numérique et la santé, présentait la troisième édition de sa conférence DTxFrance, qui met en avant les thérapies numériques, aussi appelées thérapies digitales ou DTx. Sur son site internet, la société organisatrice de la conférence rappelle que ce sont des "traitements scientifiquement validés sous forme de solutions numériques", qui peuvent par exemple prendre la forme d’applications, ou d’outils connectés, comme des montres. Trois médecins ont pu revenir sur l’utilisation de ces appareils dans leur pratique.

La Dre Charlotte Methorst, chirurgienne urologue à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), propose par exemple à ses patients des thérapies de suivi via des applications. "C’est comme avoir sa propre infirmière à la maison, elle rassure et répond aux questions des patients, explique-t-elle. On a aussi des thérapies d’accompagnement." La chirurgienne confie notamment utiliser Kranus Edera, qui permet de "traiter en 12 semaines la dysfonction érectile", peut-on lire sur le site de l’application. L’outil suit notamment au quotidien le stress et l’activité physique des patients et les informe sur les conduites à tenir.

Thérapies à distance

Le Dr Guillaume Marchand, psychiatre à Paris et spécialiste des troubles du sommeil, rapporte qu’aujourd’hui pour traiter ces pathologies "les recommandations sont de faire des thérapies comportementales et cognitives de l’insomnie (TCCI)". Ces techniques peuvent être réalisées à distance grâce aux DTx. "Elles peuvent nous permettre de sortir d’un problème de santé publique, qui est la prescription de benzodiazépines", explique le médecin. Au lieu de prescrire ces médicaments, les thérapies numériques permettraient de suivre l’évolution et les ressentis du patient en temps réel.

Une autre spécialité médicale utilise beaucoup les DTx et plus largement le numérique : la cardiologie. "L’électrocardiogramme, par exemple, est basé sur la prise de données technologiques", reconnaît le Dr Nathan Malka, cardiologue à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Lui, utilise aussi dans sa pratique la télésurveillance notamment pour ses patients atteints d’insuffisance cardiaque. "Plus on a de données, mieux on peut prendre en charge les patients. C’est quand il nous manque de l’information qu’on se pose des questions", estime-t-il.

L’intérêt du smartphone

Pour développer l’usage de ces thérapies numériques, le téléphone pourrait être une solution. "J’espère que dans quelques mois les smartphones seront enfin un outil de sommeil", souhaite le Dr Guillaume Marchand. Pourtant encore aujourd’hui, il est l’ennemi numéro un du sommeil notamment à cause de sa lumière bleue. Selon le cardiologue, l’appareil pourrait toutefois permettre d’enregistrer de nombreuses données intéressantes pour les professionnels de santé. "Si un patient dort avec une apple watch, ça permet déjà d’avoir des informations", poursuit-il. La Dre Charlotte Methorst évoque également le fait que "les patients ne retiennent que 10% [des informations données] pendant une consultation". Avec ces applications, ils pourraient recevoir l’intégralité des informations directement sur leur smartphone.

Les trois médecins sont unanimes sur les bénéfices que pourraient apporter ces technologies aux patients. "Lorsqu’ils rentrent chez eux et qu’une infirmière prend de leurs nouvelles, ils meurent moins. Ça signifie que plus on est derrière les patients, plus [les traitements] fonctionnent", assure le cardiologue. Mais pour ce faire, il faut absolument que ces technologies s’adaptent au patient. "Il y en a beaucoup qui ne veulent pas changer [leurs habitudes] et qui attendent juste le médicament magique", estime l’urologue. Ces technologies leur permettraient d’être véritablement acteur de leur santé.

Les praticiens reconnaissent également que les DTx doivent encore se développer pour répondre au mieux à leurs besoins. En tant que chirurgienne, la Dre Charlotte Methorst aimerait avoir un assistant virtuel qui permette aux patients d’avoir les bonnes pratiques, par exemple pour effectuer un examen urinaire. Elle reconnaît que quand il est mal fait, elle "perd une vacation opératoire". La chirurgienne souhaiterait également proposer à ses patients "un assistant qui les aide au changement en permanence, sans que nous, médecin, on ait besoin [pendant les consultations] d’en rajouter une couche, ce serait un circuit de la motivation. L’assistant leur rappellerait de ne pas manger n’importe quoi par exemple".

Pour le Dr Nathan Malka, il y a également un enjeu sur l’observance. "Quand un médecin donne une prescription, combien de patients vont vraiment aller à la pharmacie ? Combien vont vraiment prendre les médicaments prescrits ? s’interroge le cardiologue. Lorsqu’ils ne prennent pas le traitement, on se retrouve à rétropédaler parce que le schéma que nous, professionnel de santé, on essaye de mettre en place, ne va pas avec celui du patient. Donc un des points importants des DTx serait de rappeler qu’on va dans la même direction." Le cardiologue attend également que ces thérapies ciblent aussi "les pathologies moins lourdes". Il pense notamment à l’hypertension : les thérapies numériques permettraient, en effet, de suivre l’alimentation, l’activité physique, le stress… du patient. "On a l’habitude de voir des patients en bout de course alors qu’on pourrait réussir à faire prolonger l’espérance de vie", ajoute-t-il.

 

 

Les DTx encore mal connues des généralistes

Une étude menée par Vidal auprès de 300 généralistes a évalué leur perception des DTx. 6 médecins sur 10 ont répondu qu’ils ne connaissaient pas ces thérapies. "Ce chiffre n’est pas mieux que les années précédentes", reconnaît Cécile Carron de la Carrière, directrice marketing et communication au sein du groupe Vidal. Il est cependant à prendre avec précaution puisque lors de l’étude, plusieurs thérapies déjà existantes sur le marché, comme Freestyle Diabète, ont été montrées aux répondants. Lorsque les chercheurs demandaient si les médecins les connaissaient, ils se sont aperçus qu’ils étaient plus nombreux. "Ca veut dire que pour les médecins, le concept des thérapies digitales est encore flou mais on voit qu’ils en connaissent quelques-unes", précise Cécile Carron de la Carrière. L’étude indique également que seuls 5% des médecins interrogés déclarent avoir déjà prescrit des thérapies numériques et 18% indiquent savoir qu’elles sont prises en charge. Il reste encore un travail de sensibilisation et de formation à faire auprès des praticiens. 

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