Le recours au test anal pour vérifier les pratiques homosexuelles est fustigé par l'Ordre des médecins tunisiens. Les médecins légistes sont réquisitionnés par la justice, qui ordonne ce test auprès des personnes arrêtées pour homosexualité. Une pratique considérée comme une torture ou un viol par les personnes l'ayant subie.
Cette pratique a été maintes fois décriée par les ONG tunisiennes et internationales, comme étant une transgression de l'intégrité physique et morale de la personne. "Le Conseil national de l’Ordre des médecins tient à rappeler que tout médecin requis pour examiner une personne dans le cadre d’une expertise et notamment si elle est privée de liberté, doit respecter sa dignité et ce conformément à l’article 23 de la constitution et aux articles 7 et 74 du code de déontologie médicale." L'institution, qui se pose en tant que garante du respect de la déontologie médicale, et condamne "tout examen médical non justifié et/ou touchant à la dignité et à l'intégrité physique et mentale de la personne examinée", appelle les médecins réquisitionnés à "informer les personnes qu'ils ont à examiner de leur droit de refuser un tel examen". Tout en saluant cette position, certains commentateurs notent qu'elle intervient tardivement et de manière lacunaire, puisque le Conseil national conditionne l'interdiction au consentement de la personne. "Les personnes arrêtées pour homosexualité sont généralement jeunes et vulnérables alors parler de leur consentement pour subir un test anal dans de pareilles affaires est un leurre. Ils ne peuvent donner un consentement en étant sous pression. Sachant que dans beaucoup d'affaires, les policiers ont assisté eux-mêmes au passage de cet examen", a affirmé Fadoua Braham, avocate, au HuffPost Tunisie, signalant le sentiment d'humiliation comparable à un viol témoigné par certains de ses clients qui ont dû subir ce test. Et de poursuivre: "Le test anal est non seulement une pratique torturante mais aussi inefficace puisqu'il ne prouve rien, comme en attestent de nombreux scientifiques comme c'est le cas dans le récent rapport de l'ordre international des médecins légistes en mai 2016". Fadoua Braham exprime son souhait que le conseil aille sur les pas de l'Ordre des médecins légistes au Liban, qui a interdit en 2012 l'examen des tests anaux pour la vérification des pratiques homosexuelles. L'avis de l'avocate abonde dans le sens du Comité des Nations unies contre la torture dans ses observations finales du mois de juin 2016 concernant le troisième rapport périodique de la Tunisie, qui note: "Malgré le droit de refuser cet examen, le Comité est préoccupé par des informations affirmant que plusieurs personnes acceptent cet examen sous la menace de la police arguant, entre autres, que le refus de donner leur consentement serait interprété comme une incrimination (...) L’ État devrait interdire les examens médicaux intrusifs qui n’ont aucune justification médicale et ne peuvent être consentis de manière libre et éclairée par les personnes qui les subissent et qui seront, de ce fait, poursuivis en justice." [Avec huffpostmaghreb.com]
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