La grève entamée vendredi 22 octobre par les ophtalmos à l’appel du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) n’aura pas suffi à les faire reculer : les députés ont adopté vendredi 22 octobre l'article 40 du projet de budget 2022 de la Sécu prévoyant que les orthoptistes puissent "réaliser un bilan visuel et prescrire des verres correcteurs et des lentilles de contact oculaire", et ce "sans prescription médicale et sans être placé sous la responsabilité du médecin". Quasiment tous les groupes d'opposition avaient pourtant déposé des amendements de suppression de l'article, redoutant une mesure qui empêcherait ou retarderait le dépistage de maladies de l'œil.
Si le Snof estime qu’il s’agit-là d’une "dégradation de la qualité des soins", le Gouvernement défend, à l'inverse, une mesure à même de faciliter l'accès aux soins visuels pour les Français, compte tenu des délais d'attente pour les rendez-vous chez l'ophtalmo. Les délais moyens d'attente étaient en 2018 de 80 jours, avec des écarts régionaux importants, selon les chiffres du Gouvernement. Mais le Snof avance une étude plus récente montrant des délais en nette baisse.
"La concertation (avec la profession) a eu lieu depuis fin mars" et "nous allons être précis dans le décret" d'application sur les tranches d'âge concernées - 16 à 42 ans a priori - ou la prescription de correction de lunettes ou lentilles autorisée pour les orthoptistes”, a assuré la ministre Brigitte Bourguignon devant les députés. Sur proposition du rapporteur général Thomas Mesnier (LREM), les députés ont également adopté un aménagement, afin que les orthoptistes ne puissent adapter ou renouveler leur première prescription que si le patient a consulté un ophtalmo, dans un délai qui sera précisé par décret.
Plus tard dans la soirée, l'Assemblée a voté en faveur de l'expérimentation d'un accès direct, sans ordonnance, aux kinésithérapeutes ainsi qu'aux orthophonistes exerçant dans une structure de soins coordonnés. Ces expérimentations doivent se tenir dans six départements et durant trois ans. Cela vise à faciliter les soins dans les zones où il y a peu de médecins, ces déserts médicaux que le Gouvernement peine à pallier.
[avec AFP]
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