“C’est un renouveau du syndicalisme médical”, annonce d’emblée Patrick Gasser, gastro-entérologue et président d’Avenir Spé, fondé en janvier dernier à la suite d’une scission avec la CSMF, première organisation de la profession. Alors que les élections professionnelles approchent à grands pas, le jeune syndicat a annoncé ce jeudi son union avec Le Bloc, syndicat représentatif des anesthésistes, gynécologues obstétriciens, et chirurgiens de France. Regroupés autour d’intérêts communs, les deux syndicats entendent fédérer l’ensemble des spécialistes, à l’heure où “la médecine spécialisée se sent dévalorisée”, et où “il est difficile de faire entendre nos voix”, constate Patrick Gasser, qui a dirigé pendant six ans la branche Umespe-CSMF. “La suppression du deuxième collège nous a incités à nous regrouper avec Avenir Spé”, explique de son côté Philippe Cuq, président de l'Union des Chirurgiens De France (UCDF) et co-président du Bloc.
En 2015, lors des élections URPS, Le Bloc avait en effet obtenu 66,79% des voix dans le collège 2, celui des spécialistes à plateaux techniques lourds, mais il a depuis été supprimé. Autour de ce “projet politique” commun, l’Union attend dorénavant de “passer par les élections professionnelles”, ce qui lui permettra d’établir sa représentativité et de porter ses idées. Pour l’heure, l’Union syndicale Avenir Spé Le Bloc attend toujours la décision de la commission électorale qui doit déterminer si elle peut, ou non, prendre part aux élections d’avril 2021. Les deux entités que sont Avenir Spé et Le Bloc entendent au travers des urnes obtenir une reconnaissance de l'État de tous les spécialistes qui font face à la “la prépondérance de la médecine générale”. Revendiquant notamment “un accès direct pour la plupart des spécialités”, l’Union nouvelle dénonce la marginalisation des médecins spécialistes de la convention médicale : “Il n’y a qu’une voix qui porte aujourd’hui, c’est la voix de la médecine générale, associée à l'hôpital”, regrette le Dr Gasser.
Non à une convention médicale en 2023 Après une gestion “maladroite” de la crise sanitaire et un Ségur de la santé qui a été un “total échec”, ne se focalisant que sur les revalorisations salariales et oubliant la réorganisation du système, les deux fédérations estiment aujourd’hui que la confiance n’est plus établie. Elles pointent notamment du doigt le...
report, acté dans le PLFSS 2021, de la convention médicale jusqu’en mars 2023, soit après les élections présidentielles. “Cela veut dire qu’il n’y aura pas de négociations, entre guillemets, tarifaires jusqu’en mars 2023. C’est impossible, dénonce Patrick Gasser qui estime qu’“on a oublié totalement l’ensemble des soignants libéraux”. Selon lui, ce report acte le fait que “la médecine libérale devient la variable d’ajustement”. Affirmant la “non-soumission” des médecins spécialistes, l’Union syndicale souhaite par ailleurs engager un bouleversement du financement de la vie syndicale. Elle s’oppose ainsi au fait que la subvention des syndicats soit “définie au travers d’une signature conventionnelle” et aimerait un mode de financement similaire aux autres syndicats présents dans la société, c’est-à-dire un financement de l’Etat.
“Il faut médicaliser la Caisse d’Assurance maladie” Forte de ses nombreux cotisants (environ 6.000 pour Avenir Spé et près de 3.000 pour Le Bloc), la nouvelle entité syndicale évoque par ailleurs son intention de réformer la vie conventionnelle. “Ce n’est pas au directeur de la Cnam de décider de quoi on va parler [...] Il faut laisser des initiatives à l’ensemble des acteurs”, insiste le président d’Avenir Spé, qui appelle à “médicaliser la Caisse d’Assurance maladie” pour atteindre un “équilibre”. “Le syndicalisme, ce n’est pas que de la défense individuelle ou collective, c’est aussi de s’impliquer dans la réorganisation”, soutient Patrick Gasser.
Alors que la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 déferle actuellement sur le pays, la conférence de presse de l’Union syndicale Avenir Spé Le Bloc ne pouvait pas se tenir sans aborder la question de la crise sanitaire. Alertant sur les déprogrammations en série, qui provoquent des retards de diagnostic et de prise en charge, l’Union a évoqué la création d’une Réserve régionale des moyens sanitaires pour “rendre service à la population et aux soignants”. “Nous avons trop souffert de la problématique des masques, des drogues, ou encore des lits”, confie Philippe Cuq.
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