« Je suis Libyen, témoigne Mohamed, médecin. Je suis arrivé en France en décembre 2016. J’ai fui la guerre, ce qui m’a empêché de finir mon internat en chirurgie générale. » Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, Mohamed, qui a obtenu le statut de réfugié, souhaite plus que tout apporter sa pierre à l’édifice. Il s’est d’ailleurs inscrit à la réserve sanitaire. « Mais on m’a répondu qu’on n’avait pas besoin de moi, regrette-t-il. C’est important pour moi d’apporter ma contribution car la situation est très grave. J’aimerais aider les Français, une façon de les remercier pour leur accueil. Et je pourrais partager mon expérience… J’ai beaucoup appris de la gestion de crise avec la guerre en Libye, notamment sur l’afflux massif de patients dans les hôpitaux. Mais je ne peux rien faire… » Il est prêt à tout pour aider, même à une fonction n’ayant aucun lien avec son métier de médecin. C’est le cas aussi d’Eyad, psychiatre syrien, arrivé en France en mars 2017. « J’ai demandé au CHU de Limoges [établissement où il effectue un stage d’observation] et à l’Agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine, de participer, à n’importe quel poste, mais je n’ai pas obtenu de réponse. » Et d’ajouter : « Je vis en France depuis trois ans, et j’aimerais aider les Français à traverser cette crise. Je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas possible. »
Pourtant, des dispositions ont été prises par le ministère de la Santé, uniquement pour cette période d’épidémie, pour permettre aux praticiens à diplômes hors Union européenne (Padhue) d’apporter un renfort au service public hospitalier. Les procédures ont été simplifiées afin qu’ils puissent exercer des fonctions non médicales de type aide-soignant, accueil et orientation, appui auprès des équipes soignantes les plus mobilisées par la gestion de crise, dans le cadre de contrats de travail conclus par les établissements de santé, en qualité de Collaborateurs occasionnels du service public (COSP). Quant aux Padhue ayant la qualité de réfugié, ils peuvent être recrutés par les établissements publics de santé, sous un statut de contractuel associé, sans avoir satisfait aux épreuves de vérification de connaissances. Le parcours du combattant des Padhue Cette situation est révélatrice des difficultés que traversent les professionnels de santé originaires d’un pays hors Union européenne, pour exercer leur métier en France. Les demandeurs doivent satisfaire...
aux épreuves de vérification des connaissances dans leur spécialité. Ils ne peuvent s’y inscrire que trois fois et doivent au préalable avoir un niveau B2 en français. Le statut de réfugié apporte quelques facilités car les candidats passent un examen, et non un concours. Ils doivent ensuite trouver un poste pour exercer les fonctions de praticien attaché associé ou assistant associé pendant trois ans, dans un lieu d’exercice qui valide également les étudiants français. Mais les postes qui ne sont pas toujours faciles à trouver. L’une des solutions ? Commencer par effectuer des stages bénévoles pour avoir un pied dans la structure et se faire connaître. C’est le cas d’Eyad, qui a trouvé un stage d’observation au CHU de Limoges les après-midis. Le matin, il travaille comme agent polyvalent au sein d’une association. « Nous avons beaucoup de difficulté à exercer notre métier en France, témoigne-t-il. Il y a une réelle différence entre les lois françaises et l’application sur le terrain. Ayant le statut de réfugié et le niveau B2 en français, la loi me permet de travailler comme praticien attaché associé ou assistant associé mais je ne trouve pas de stage. » Idem pour Mohamed, dont le parcours en France a été semé d’embuches.
Après une arrivée à Rouen (Normandie) puis l’obtention du statut de réfugié, « j’ai rencontré un médecin à Limoges qui a voulu m’aider à trouver un stage, raconte-t-il. J’ai donc déménagé dans cette ville mais finalement le chef de service de chirurgie digestive ne m’a pas accepté en stage. » Titulaire du niveau B2, il peut également prétendre à un poste de praticien attaché associé ou assistant associé. « C’est très compliqué de comprendre les règles de la France, reconnaît-il. Il faudrait que comme en Allemagne, un livret nous soit remis à notre arrivée pour que nous puissions connaître les démarches à suivre. » Quant aux médecins qui n’ont pas le statut de réfugié, ce n’est pas un examen mais un concours qu’ils doivent passer. Seuls les premiers classés peuvent prétendre à des postes de praticiens associés. Une fois qu’ils ont fait les trois ans en tant que praticien associé, leur dossier est examiné par la commission d’autorisation d’exercer du ministère de la Santé. Solution alternative : les PADHUE peuvent, moyennant une formation de cinq mois dans certains Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi), obtenir un diplôme équivalent d’infirmier.
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