Etudiants en santé, ils dénoncent un "système médical oppressif, obsolète et violent qui protège les médecins agresseurs"

17/12/2021 Par Louise Claereboudt

Dans une tribune publiée sur franceinfo ce vendredi 17 décembre, des étudiants en santé regroupés en associations et collectifs réclament une meilleure formation pour lutter contre les violences et les discriminations médicales.   "Nous voulons rompre avec un système éducatif qui érige la violence en norme", demandent des étudiants en santé, dont plus de 1000 carabins, dans une tribune publiée sur Franceinfo ce vendredi 17 décembre. Alors que plusieurs affaires de médecins agresseurs ont récemment éclaté – notamment celle du Pr Daraï, accusé de viols sur des patientes – les signataires appellent à réformer leurs études, et dénoncent un "système médical oppressif, obsolète et violent, qui protège les médecins agresseurs et refuse de se remettre en question". Apportant leur soutien aux victimes d’agressions ou de violences médicales, ils demandent une plus grande implication des facultés sur ces sujets et, notamment, l’intégration dans leurs programmes des "notions de bientraitance, de consentement aux soins et de bonnes pratiques pour limiter les violences et les discriminations médicales". Des enseignements qui devraient être également proposés aux médecins titulaires selon eux. "Pour sortir de l'entre-soi du milieu médical", les étudiants en santé suggèrent aussi la création de cours de sciences humaines et sociales, qui seraient donnés par des enseignants-chercheurs ou des usagers du système de soins, mais aussi par d’autres professionnels de santé (kinés, sages-femmes…). Ils réclament également plus de transparence et de communication sur les enquêtes internes en cours – à l’instar de l’enquête qui se déroule à l’hôpital Tenon.

Autre demande : l’utilisation de procédures spécifiques et la création de comités indépendants des facs, de l’Ordre des médecins et des professionnels de santé afin de recueillir les plaintes et témoignages de patientes ou étudiantes qui seraient victimes de violences ou d’abus dans le domaine médical. La tribune déplore la logique qui vise actuellement "à culpabiliser et remettre la faute sur" les patientes, au lieu de renforcer le lien soignant-soigné – qui doit être basé sur le respect, l’écoute et le consentement. Jusqu’ici, dénoncent les signataires, "le silence et l’omerta" règnent autour des violences médicales, qui peuvent avoir lieu sous les yeux des étudiants lors de leurs stages à l’hôpital. "Ces études basées sur le compagnonnage et une hiérarchie forte nous laissent très dépendants des seniors avec lesquels nous nous trouvons, eux-mêmes généralement peu formés sur ces sujets, voire violents. Ce même système de compagnonnage rend tout avis divergent difficilement formulable ou entendable, par pression pour les postes, les concours ou par contrainte des médecins dépositaires des postes de pouvoir." "Nous avons conscience que certaines de nos actions en tant qu'étudiants en santé, notamment celles issues des traditions "carabines" (fresques, bizutages au week-end d'intégration, etc.) sont aussi violentes et que la remise en question ne doit pas nous épargner", ajoutent les signataires. Récemment, la justice est allée dans ce sens et a demandé le retrait sous 48 heures de la fresque du réfectoire de l’internat du CHU de Purpan, à Toulouse au motif qu’elle "porte une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la dignité humaine". [avec franceinfo]

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