Pour la cinquième année consécutive, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a publié ce lundi 16 août son indicateur du coût de la rentrée 2021. Et cette année encore, ce rapport, établi à partir de l’indicateur 2021 de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), montre que les études de médecine demeurent particulièrement onéreuses en France - faisant ainsi persister la précarité de nombre de jeunes et les inégalités entre eux. Alors que la Fage évalue le coût moyen de la rentrée pour un étudiant non boursier à 2.392 euros cette année (soit une hausse de 1,32% par rapport à l'année précédente), le coût de la rentrée pour un étudiant en Pass/LAS et un étudiant en quatrième année (DFASM1)* s'avère bien plus élevé, affirme l'Anemf qui a étudié les frais spécifiques de la rentrée (frais de scolarité, complémentaire santé, assurance logement, frais d’agence et matériel) et ceux de la vie courante mensuels (loyer, repas, équipement, téléphonie, internet transports). En effet, le coût annuel pour un étudiant en Pass ayant choisi de suivre une prépa privée peut atteindre près de 17.500 euros (17.442,87), en particulier s'il vit en Ile-de-France où les frais spécifiques sont plus conséquents. En moyenne, les frais spécifiques de rentrée pour un jeune en Pass avec prépa et tutorat est évalué à près de 5.300 euros. En LAS aussi, les prépas privées pèsent considérablement dans le budget des étudiants. Un jeune devra débourser 3.628,04 euros en frais spécifiques de rentrée (et jusqu'à 4 785,42 euros en Ile-de-France), contre 1.161,48 euros s'il choisit uniquement le tutorat.
Ces montants ont tous augmenté par rapport à l'année précédente, alerte l'Anemf (cf tableau ci-dessous). A l'exception des étudiants en licence avec prépa et tutorat pour lesquels on constate une baisse de près de 6% des frais spécifiques de rentrée. Cette baisse est liée à l'adaptation des tarifs des organismes privés proposant des prépas, a précisé le président de l'association ce mardi à Egora. Et les étudiants en quatrième année de médecine n'échappent pas à cette tendance puisque leurs frais spécifiques de rentrée augmentent de 1,12%. Pour leur rentrée, ils devront débourser en moyenne 2.709,39 euros.
Valoriser les tutorats face aux prépas privées Selon le président de l'association, la légère hausse des coûts spécifiques pour les étudiants s'explique en partie par la hausse des tarifs appliqués par les prépas privées depuis la réforme de la Paces. La moyenne des frais d’inscriptions à ces organismes s'élève à...
5.987,52 euros en Ile-de-France et 3 675,11 euros en régions pour les Pass. Soit, respectivement, "35,22 et 21,62 fois les frais d’inscription à l’Université, ou encore environ 430 et 168 fois les frais d’inscription au tutorat", note l'Anemf. Pour les LAS : il faut compter 3.558,63 euros en Ile-de-France et 2.263,00 en régions. "Ce qui équivaut respectivement à 20,93 et 13,31 fois les frais d’inscription à l’Université, ou encore environ 275 et 190 fois les frais d’inscription au tutorat."
Afin de limiter les inégalités d'accès aux diplômes des étudiants, l'association appelle donc à privilégier les tutorats - dont les tarifs vont de 10,67 euros à 21,85 euros - et à leur accorder plus de moyens (matériels, financiers...) et d'accompagnement, ces derniers étant par ailleurs certifiés par le ministère de l'Enseignement supérieur. D'autant que, déplore son président, certains organismes privés proposant des préparations aux examens mènent des actions malveillantes (l'incitation au vol de propriété intellectuelle des enseignants, par exemple). La problématique se retrouve également pour les étudiants lors du deuxième cycle du cursus avec les prépas privées pour en vue des ECNi, ainsi que "le quasi-monopole de l’édition privée des référentiels". "On voudrait que ces référentiels soient au moins proposés en ligne gratuitement aux étudiants, indique Nicolas Lunel. Mais aussi qu'ils soient inscrits comme livres scolaires vis-à-vis de la loi et que les associations puissent les vendre à bas prix pour que des étudiants plus précaires puissent y avoir accès." En effet, à ces sommes liées aux études, s'ajoutent aussi les frais mensuels de la vie courante (loyers et charges, consommables, téléphonie, internet, transports, loisirs) qui s'élèvent pour les premières et quatrièmes années à 1.012 euros en moyenne (1208,81 euros en Ile-de-France et 966,84 euros en régions). Une enveloppe considérable quand on la compare aux 208 euros net que touchent chaque mois les étudiants en DFASM1 pour... cinq demi-journées par semaine à l’hôpital (une somme revalorisée dans la cadre du Ségur de la santé, la rémunération s'élevait avant à 104 euros). A ce sujet, l'Anemf demande une "revalorisation salariale alignée sur la rémunération des étudiants stagiaires soit 375 euros net par mois". "Ce n'est pas une revendication qui est sans fondement", maintient Nicolas Lunel, qui admet toutefois qu'il sera "très compliqué" de l'obtenir bien qu'elle soit "vitale". L'Anemf plaide également pour l’ouverture au droit à la prime d’activité pour les étudiants hospitaliers qui, aujourd'hui, ne gagnent pas suffisamment pour en bénéficier.
Des difficultés supplémentaires avec la crise sanitaire Si la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid a été catastrophique pour l'isolement des étudiants en santé, elle l'a également été pour leurs finances, déplore par ailleurs l'Anemf, notamment pour les étudiants de la deuxième à la sixième année de médecine, qui cumulent parfois études et jobs alimentaires. Nombre d'entre eux se sont retrouvés privés de ces petits boulots qui les aidaient à financer leurs études ou finir les fins de mois. "Un point positif que l’on peut néanmoins souligner est l’ouverture pour les étudiants en santé d’énormément de jobs liés au dépistage et à la vaccination. Cela a permis à beaucoup d’étudiants de pouvoir reprendre une activité", nuance le président de l'Anemf. Mais là encore, quelques étudiants se sont retrouvés en difficulté, ajoute-t-il. Certains n'ont toujours pas perçu les primes Covid, d'autres ont été victimes de pratiques frauduleuses. "On a été confrontés à des entreprises qui recrutaient des étudiants sous un statut d’auto-entrepreneurs. Ils leur faisaient miroiter une rémunération très alléchante – supérieure à celle fixée par les arrêtés, mais les étudiants n’ont jamais été payés." Pour ces deux situations, des discussions sont en cours avec le ministère et avec les élus locaux pour tenter de "régulariser la situation de ces jeunes", assure Nicolas Lunel. * Le profil de l’étudiant-type évalué dans cet indicateur est le suivant : non-boursier et ne vivant plus au domicile familial.
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