"Moi je n'ai pas été traumatisé par mes études de médecine. On s'amusait bien ! C'était en 1963. On venait de passer le bac et on arrivait en fac en étant libre. On allait dans les troquets boire des pots, on séchait les cours, on fumait dans les amphis… C'était une atmosphère complètement différente. Bon, c'est vrai que moi j'ai redoublé ma première année… J'étais un mauvais élève. Venant de philo, j'étais très mauvais en maths et en physique. Mais j'ai un très bon souvenir quand même : on n'était pas dans l'ambiance de la Paces et de ce concours absurde. Les amphis étaient relativement pleins mais c'était détendu, on n'avait pas du tout cette pression-là, ou peut-être qu'on ne la sentait pas. Il n'y avait pas les QCM, ces trucs complètement débiles. On s'est mis à bosser avec le concours d'externat et le concours d'internat. Là on se mettait sous colle à trois ou quatre et on travaillait jour et nuit sans sortir. Parce qu'il y en a qui ne passait pas le concours, ce n'était pas simplement un classement comme aujourd'hui ! Je me souviens des dissections… C'était impressionnant d'arriver dans le pavillon. Le prosecteur, personnage important, avait une petite veste bleue assez cintrée ; il officiait du haut de l'estrade en faïence. C'était un cérémonial incroyable : on disséquait un bras, une jambe, on s'envoyait des petits bouts de bidoche… Le plus marquant pour moi, c'était cette approche froide de la mort."
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