Recalés de médecine suite à l'harmonisation de leurs notes, des étudiants en LAS engagent un recours
Recalés de médecine, 23 étudiants en LAS Sciences infirmières à Marseille ont décidé d'engager un recours contre leur université. Ils dénoncent une harmonisation de leurs notes qui leur a fait perdre de nombreux points sur leur moyenne générale, et a brisé leur rêve d'entrer en deuxième année de médecine. Le tribunal doit rendre sa décision le 28 août.
Ils dénoncent depuis près de trois mois une harmonisation de leurs notes, ayant drastiquement diminué leurs moyennes. Recalés à l'entrée en deuxième année de médecine en raison de cette baisse, 23 étudiants en LAS Sciences infirmières à l'Université d'Aix-Marseille (AMU) ont décidé d'engager un recours devant la justice administrative contre leur école.
Inscrits en licence Ifsi* - via laquelle ils pouvaient espérer intégrer médecine -, ces étudiants ont perdu "jusqu'à six points de moyenne" après une "harmonisation" de leurs notes, qui prend davantage en compte le classement de l'étudiant dans sa filière que ses résultats bruts, a dénoncé jeudi 22 août leur avocat devant le tribunal administratif de Marseille. "On ne prend pas les meilleurs au concours, mais les meilleurs de chaque LAS", a regretté Me Marc Bellanger, cité par l'AFP.
Les filières LAS, mises en place en 2019, sont des licences comportant une majeure et une mineure "santé" ; un étudiant peut à la fois suivre des études de droit, de géographie ou de sport... et postuler pour intégrer médecine. Ceux ayant engagé un recours contre l'AMU suivaient une licence en sciences infirmières.
Au total, les étudiants en LAS à Aix-Marseille étaient issus de 57 licences différentes cette année 2023-2024, conformément au but de la réforme du premier cycle des études médicales qui était d'introduire des profils variés en médecine. A l'issue de leur premier semestre, ces étudiants devaient décider de postuler ou non au concours d'entrée en deuxième année dans l'une des filières santé (médecine, odontologie, pharmacie…). Ces derniers n'ont que deux tentatives pour intégrer l'une de ces filières.
Un système "tout sauf lisible"
Par souci d'équité entre les différentes licences, "une méthode d'harmonisation est [donc] appliquée à tout le monde", selon les avocates de l'AMU, afin de classer les étudiants. Cette harmonisation, réalisée à partir du rang de l'étudiant dans sa promotion, a pour "but de prendre les meilleurs, toutes disciplines confondues". Ainsi, pour la licence Ifsi, même si le dernier a eu plus de 13,5 de moyenne, son classement dans sa promotion a réduit à néant ses chances d'intégrer médecine.
Ce système est largement décrié par les étudiants en LAS, à Marseille comme ailleurs. "J'avais 16,23 de moyenne au premier semestre, donc je me suis dit que j'allais tenter les concours", explique Yoni Schemba, l'un des jeunes marseillais ayant décidé d'engager un recours. Mais après le second semestre, sa moyenne "harmonisée" a été abaissée à 12, brisant ses chances d'intégrer médecine, comme il le racontait en juin dans un courrier envoyé à Egora.
En mars dernier, le Pr Benoît Veber, président de la Conférence nationale des doyens, avait lui aussi remis en cause ce système. Cette harmonisation des étudiants est "tout sauf lisible", avait-il indiqué. "On est amené à classer des étudiants qui viennent de différentes LAS, et cela pose un vrai problème. Actuellement, il y a un calcul qui est fait et qui génère une espèce de flottement. C'est une boite noire", avait lancé le Doyen des doyens auprès d'Egora, affirmant vouloir "sortir de" ce système.
La licence Ifsi "est la formation la plus proche des études de médecine, et pourtant elle se retrouve la plus pénalisée", a de son côté déploré Me Bellanger, jeudi 22 août. L'avocat a, par ailleurs, souligné le nombre important de stages réalisés par les étudiants de l'Ifsi. Cette formation oblige, en effet, les étudiants à suivre un certain nombre d'heures de stage en milieu médical, "soit autant de temps en moins pour réviser", a-t-il avancé.
Sur les 46 des 70 étudiants en Ifsi inscrits au concours, huit ont été admis en deuxième année de médecine, huit autres ont pu se présenter aux oraux. S'ils avaient intégré d'autres licences, plus éloignées de médecine, leur classement aurait été meilleur, ont constaté certains étudiants auprès de l'AFP, après l'audience de ce jeudi. Le tribunal administratif de Marseille doit rendre sa décision le 28 août.
*Institut français des soins infirmiers.
[avec AFP]
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