FMC : 10 points clésPasteurellose

La pasteurellose est liée, dans un cas sur deux, à une griffure de chat.

01/10/2019 Par Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    La pasteurellose est une pathologie infectieuse due à un petit coccobacille gram négatif (Pasteurella multocida dans 58 % des cas, mais aussi Pasteurella canis, dagmatis et stomatis), identifié pour la première fois en 1877 par Louis Pasteur.

  2. 02

    Le réservoir est l’animal. Ainsi, le taux de colonisation oropharyngée de cette bactérie chez le chat est compris entre 50 et 90 %, chez le chien entre 50 et 66 %, chez le porc 50 %. La contamination de l’homme s’effectue le plus souvent à la suite d’une morsure ou d’une griffure, et de manière exceptionnelle par une piqûre végétale.
    La pasteurellose peut donner de manière exceptionnelle des infections respiratoires, lesquelles font suite à une contamination par aérosols.

  3. 03

    Au niveau épidémiologique, cette pathologie touche entre 100 et 500 patients pour 1 million d’habitants.
    La contamination cutanée par une morsure ou griffure de chat est de l’ordre 50 % des cas.
    La contamination par morsure de chien est de l’ordre de 20 % des cas.

  4. 04

    Cliniquement, après une incubation courte (entre 3 et 6 heures), on observe :
    - une douleur au niveau de la zone contaminée ;
    - une plaie oedémateuse et érythémateuse (aspect de dermohypodermite) ;
    - une hyperthermie dans 20 % des cas ;
    - un écoulement séropurulent dans 40 % des cas.
    Dans quelques cas, il est possible d’observer des adénopathies satellites (10 % des cas) et une lymphangite associée (entre 10 et 20 % des cas).

  5. 05

    Le diagnostic est posé sur l’aspect clinique de la plaie en rapport avec la contamination mais aussi sur l’importance de la douleur qui semble surévaluée par rapport aux lésions observées.
    Il est possible également d’identifier la bactérie à la suite d’un prélèvement local ou lors de la réalisation d’une hémoculture.

  6. 06

    Plusieurs complications doivent être recherchées. Ainsi, il est possible à partir de cette contamination locale d’observer une ostéomyélite secondaire à une contamination par contiguïté. Des complications respiratoires sont observées entre 10 et 20 % des cas. Elles concernent les patients ayant une immunosuppression. Il est également possible d’objectiver des cas de syndromes algodystrophiques, des phlegmons des gaines, des ostéoarthrites (des métacarpophalangiennes surtout), des ténosynovites. Ces manifestations se rencontrent entre la 4e et la 6e semaine de contamination. Dans ces cas, les patients n’avaient pas reçu de traitement ou ont été insuffisamment traités. Plus rarement, il peut exister des cas d’endocardite, de méningite, de péritonite, d’abcès métastatique.

  7. 07

    Le praticien ou le patient doivent, lors de la constatation d’une possible contamination, laver de manière abondante la plaie infectée.
    Il est important de rechercher également un éventuel corps étranger logé sous la peau. Une désinfection de la plaie est également impérative, avec pose d’un pansement.
    Il est également important de s’assurer du statut vaccinal du patient vis-à-vis du tétanos, et de ne pas hésiter en cas de doute à effectuer un rappel.

  8. 08
    Point formation n°8

    Le traitement curatif de cette bactérie repose sur une antibiothérapie :
    - amoxicilline seule ou associée à l’acide clavulanique en première intention, et à raison de 50 mg/kg/j durant dix jours ;
    - les céphalosporines de troisième génération sont administrées dans le cas d’une allergie aux pénicillines. Il également possible de recourir aux quinolones ou à la doxycycline durant dix jours.

  9. 09

    Une contamination professionnelle est possible. Elle concerne les éleveurs, les vétérinaires, les toiletteurs, le personnel travaillant dans les abattoirs.

  10. 10

    L’évolution est le plus souvent favorable après un traitement antibiotique. Cependant, on peut observer une mortalité comprise entre 30 et 40 % chez les patients ayant une immunosuppression.

Références :

- Pilly E. Maladies infectieuse et tropicales. Éd. Vivactis plus, 2018.
- Lemenand O, Donnio PY, Avril JL. Pasteurellose. Encyclopédie Médico-chirurgicale. Maladies infectieuses 8-035-C-10 2006.
- Chaillon A, et al. Pathologie d’inoculation. La Revue du Praticien 2008;58(2):213-22.
- Pham MC, Toutous-Trellu L. Morsure de chat et pasteurellose cutanée. Revue Médicale Suisse 2004.
- Mokini M, et al. Dermatologie infectieuse. Éd. Elsevier Masson, 2014.
- Maranber A. Les morsures de chat et leurs complications. Fréquence des pasteurelloses d’inoculation. L’Essentiel 2015;390:30-1.

Le Dr Pierre Francès déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.

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