« Nous sommes très inquiets du fonctionnement des maternités, du fait notamment du manque d’attractivité du travail en salle de naissance. Les médecins se tournent vers la chirurgie et l’assistance médicale à la procréation (AMP) et les sages-femmes s’installent en ville », a constaté le Pr Joëlle Belaisch Allart, présidente du Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF), lors d’une conférence de presse le 18 novembre à Paris. « Une femme sur trois a besoin d’un gynécologue-obstétricien pendant sa grossesse et 20 à 25 % lors de l’accouchement même s’il est à bas risque », a fait valoir le Pr Cyril Huissoud, secrétaire général. 738 000 naissances vivantes ont été recensées en France en 2021. Pour les accompagner, le nombre de gynécologues-obstétriciens en exercice augmente : 5 110 en 2020, soit 26 % de plus qu’en 2012. Une nouvelle hausse de 29 % des effectifs, à 6 600, est attendue pour 2030, selon les estimations de la commission démographie du CNGOF et du Collège des enseignants en gynécologie-obstétrique (CEGO). Nouveaux modes d’exercice Cependant, cette évolution positive est contrebalancée par le développement de nouveaux modes d’exercice : sur-spécialisation et diminution du temps travaillé. « 50 % des professionnels exercent à temps partiel, 37 % participent à des astreintes et 51 % à des gardes », selon une enquête menée auprès de 206 gynécologues-obstétriciens de moins de 50 ans et de 45 ans d’âge moyen, et relayée par le Pr Olivier Morel, professeur en gynécologie-obstétrique au CHRU de Nancy et président de la commission démographie. Les jeunes se tournent majoritairement (87,3 %) vers les maternités de type 2 (équipées d’une unité de néonatologie) ou de type 3 (équipées d’une unité de réanimation néonatale) et vers les grosses structures situées en ville pour des questions de sécurité et de qualité de vie. Ainsi, 80 % des maternités de type 1 (prenant en charge les grossesses sans risque) sont en tension, selon une étude conduite entre juin 2020 et juillet 2021 auprès de 142 établissements sur 478. 91 % des structures de moins de 1 000 naissances par an et 48 % des structures de 1 000 à 2 000 naissances sont concernées. La commission démographie pointe des « perspectives de dégradation ». Une attractivité à améliorer Face à cette situation, le CNGOF vise la formation de 260 internes par an, « le maximum envisageable », contre 220 aujourd’hui. Pour améliorer l’attractivité de la profession, il prône une meilleure rémunération (revalorisation des gardes et astreintes, et des salaires dans le public, prime d’urgence...), et une refonte des organisations : redimensionnement des équipes (au moins sept praticiens pour un maximum de cinq gardes par mois), durée maximale de travail hebdomadaire de 48 heures garantie ou rémunération compensatoire, remplacement systématique des arrêts de travail longs... « Ces deux axes impliquant des surcoûts évidents, des économies sont cependant à attendre en termes de recours à l’intérim », indique le CNGOF. Il juge par ailleurs « nécessaire de poursuivre la concentration des sites [devant assurer] une permanence des soins (naissances et urgences gynécologiques) (…). Cette approche n’est en aucun cas celle de la proximité. La question de l’accès aux soins réglés, de suivi, de prévention (…) peut être traitée différemment », estime l’instance. « La Finlande est le premier pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la sécurité des soins maternels et périnataux, avec 18 maternités assurant 60 000 naissances par an et un objectif de 16 maternités assurant chacune plus de 1 000 naissances », a illustré Olivier Morel. Le collège demande également « le lancement d’Etats généraux de la naissance au niveau des établissements et des agences régionales de santé (ARS), une planification de l’offre de soins à court, moyen et long termes (fermeture, fusion des maternités), une révision des décrets de périnatalité datant de 1998, des mesures pour stopper la fuite des sages-femmes en salle de naissance (reprofessionnaliser, diversifier les activités, lever les freins aux pratiques mixtes et à l’embauche), et une aide pour les médecins libéraux (revalorisation des actes et consultations) », a listé Cyril Huissoud.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus