L’édition 2021, entièrement digitale, du 16ème congrès francophone d’allergologie (27-28 mai) a permis de faire un point épidémiologique sur ces pathologies en France et dans le monde, et a confirmé, en particulier, qu’aucune classe d’âge n’est épargnée. En effet, si la prévalence des allergies alimentaires a été estimée à 6 % chez les enfants, les séniors sont également concernés. Les allergies alimentaires (AA) sont loin d’être rares chez l’enfant. Leur prévalence a ainsi été estimée à 6,06 % entre 0 et 5,5 ans dans la cohorte prospective Elfe qui va suivre pendant 20 ans 18 329 enfants nés en 2011 en France métropolitaine, a mentionné le Dr Sarah Tamazouzt (unité d’allergologie pédiatrique, CHRU de Nancy). Ces chiffres sont comparables à ceux rapportés dans les études pédiatriques sur les allergies alimentaires, avec comme principaux allergènes : le lait (3,4%) et l’œuf (0,87%), dans la petite enfance, et après 3,5 ans l’allergie à l’arachide (0,87 %) (qui souvent persistera), les fruits exotiques (0,56 %), les fruits à coque (0,50 %), le gluten (0,35 %) et le poisson (0,27 %). Dans cette cohorte, 20,6 % des enfants avec une allergie alimentaire étaient polyallergiques avec comme allergènes le plus fréquemment associés : l’arachide, le lait et l’œuf ; 25 % d’entre eux avaient un asthme, 71 % une dermatite atopique, et 42 % une rhino-conjonctivite allergique. Il faudra vérifier que les chiffres sont similaires chez les enfants nés depuis 2011. Mais, au vu de ces données, le Dr Tamazouzt a souligné « la nécessité d’un étiquetage clair des allergènes fréquents et rappelé l’importance de dépister et traiter les comorbidités atopiques car elles majorent le risque d’anaphylaxie ». Une autre population, elle aussi à risque de développer une allergie alimentaire, est celle des séniors. Une étude rétrospective, entreprise de 1995 à 2020 chez 73 patients adressés pour allergie alimentaire après 60 ans laisse en effet penser que cette allergie le plus souvent IgE médiée (69 cas sur 73) n’est pas si exceptionnelle chez les sujets âgés. Dans cette série, 52 séniors présentaient une allergie alimentaire ancienne et 21 avaient développé une néo-allergie alimentaire après 60 ans. « La moitié de ces patients avaient présenté une anaphylaxie de grade 3. La moitié également ont de nouveau présenté une réaction allergique, sévère dans 80 % des cas, après le diagnostic, ce probablement en raison d’un problème de prise en charge », a indiqué le Dr Hassan El Hanache (unité d’allergologie du CHU d’Angers). Les allergènes les plus fréquemment identifiés provenaient des fruits et légumes (25 %) (Bet v1-like…), du blé (25 %) (oméga-5-gliadine) puis de la viande (15,4 %) (alpha-gal) dans les allergies anciennes, et majoritairement de la viande (28,6 %), de la crevette (14,3 %) et du poisson (9,5 %) dans les néo-allergies. Ces dernières touchaient bien plus souvent les hommes : sexe ratio de 3/1 contre 1/1 pour les allergies alimentaires anciennes. Mais, on retrouvait moins souvent dans ces néo-allergies un terrain atopique : 19 % contre 44 %. Les cofacteurs le plus souvent associés à ces allergies alimentaires des séniors étaient l’ingestion d’alcool (23 %), l’effort physique (23%) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (15 %). « Compte tenu de l’immunosénescence habituelle, les séniors conservant une allergie alimentaire pourraient être des superatopiques », a estimé le Dr El Hanache. Il faudra déterminer l’influence des changements géographiques à la retraite, des facteurs génétiques dans les néoallergies alimentaires des séniors. « Ces allergies après 60 ans sont probablement sous-estimées », a insisté le Dr El Hanache. « Ces sujets âgés devront bénéficier d’une prise en charge diététique en raison d’un risque de récidive, ce d’autant qu’ils peuvent avoir des difficultés à lire les étiquetages, et qu’ils ne peuvent lorsqu’ils vivent en institution bénéficier d’un PAI pour PAPI MAMI », a conclu avec humour le Dr El Hanache.
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