Cancer du sein : une étude française confirme l’impact de la pollution de l’air
Financée par la Fondation ARC, et menée en collaboration avec l’Ecole Centrale de Lyon- Unité CNRS 5509, l’Université de Leicester au Royaume-Uni, l’INERIS et le centre Bordeaux Population Health - Unité INSERM 1219, cette étude cas-témoins a été réalisée à partir de la cohorte nationale E3N (coordonnée par l’équipe Équipe Inserm "Exposome et Hérédité", Institut Gustave Roussy, Villejuif), dans laquelle les participantes sont suivies depuis 1990.
5.222 femmes présentant un cancer du sein (diagnostiqué entre 1990 et 2011) ont été comparées au même nombre de cas témoins (indemnes de cancer du sein). Les expositions moyennes et cumulées ont été estimées à l’aide de modèles spécifiques pour chaque polluant, pour chaque femme, de son inclusion à la date de diagnostic de son cancer, en fonction de ses lieux d’habitation.
Les résultats ont tout d’abord montré que, même si les taux baissent globalement pour l’ensemble des polluants sauf l’ozone, "les niveaux d’exposition pour les dioxydes d’azote et les particules restent largement au-dessus des recommandations sanitaires actuelles", précise le Centre Léon Bérard dans un communiqué.
Mais surtout, il existe une augmentation du risque de cancer du sein lors d’une exposition à 5 polluants :
- le dioxyde d’azote : augmentation significative d’environ 9% du risque de cancer du sein pour chaque augmentation de 10 μg/m3 d’exposition) ;
- les particules (PM10) : augmentation à la limite de la significativité statistique de 8%
- Les particules (PM2.5) : augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 13%
- le benzo[a]pyrène (BaP) : augmentation significative d’environ 15% pour chaque augmentation de 1,42 ng/m3 d’exposition
- le polychlorobiphényles (PCB153) : augmentation significative d’environ 19% pour chaque augmentation de 55 pg/m3 d’exposition.
En revanche, l’étude n’a pas montré d’augmentation de risque avec le cadmium et les dioxines ; et pour l’ozone, les analyses sont en cours.
En outre, le risque est apparu élevé "chez les femmes ayant été exposées pendant leur transition ménopausique pour le BaP et le PCB153, deux polluants classés comme perturbateurs endocriniens", précise le centre Léon Berard.
Les auteurs concluent "qu’une amélioration de la qualité de l’air serait un levier pour contribuer à la prévention du cancer du sein". Ils ont calculé qu’en prenant comme référence les seuils de référence de l’Europe pour NO2 (de 40 μg/m3), 1% des cancers du sein pourraient être évités. Plus encore, avec des niveaux d’exposition conformes aux recommandations de l’OMS de 2021, de 10 μg/m3 pour les NO2, ce serait près de 9% des cancers du sein qui pourraient être évités.
"Les résultats de l’étude Xenair suggèrent que la réduction des concentrations des polluants de l’air en France a le potentiel de contribuer à la prévention du cancer du sein. Cet investissement est essentiel pour prévenir la maladie et pourrait être compensé par les économies en matière de traitement, de prise en charge, et de coût pour la société par les cancers évités", conclut le Centre Léon Bérard.
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