Lors de son 17^ème Congrès national (Nice, 16-18 novembre 2017), la Société française d’étude et de traitement de la douleur (Sfetd) a publié un Livre Blanc, qui présente un état des lieux critique de la situation en France.

  Présenté par le Pr Serge Perrot (Président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur Sfetd), le Livre blanc de la douleur 2017 conduit par la Sfetd, montre la réalité actuelle de la prise en charge de la douleur en France, avec ses forces et ses faiblesses, et à proposer les améliorations qui apparaissent nécessaires. "La douleur, estime Serge Perrot, est un défi majeur pour le système de santé du 21^ème siècle et pour notre démocratie sanitaire." Ne serait-ce que par le nombre de personnes concernées : en effet, selon cet ouvrage, au moins 12 millions de français souffrent de douleurs chroniques.  "Pourtant, souligne Serge Perrot, plus de 70 % d’entre eux ne reçoivent pas un traitement approprié pour leur douleur, et moins de 3 % bénéficient d’une prise en charge dans un centre spécialisé. Par ailleurs, 60 % des patients admis aux urgences ont une douleur modérée à sévère et moins d’un sur deux reçoit un traitement antalgique à l’admission."   30% des centres antidouleur menacés Cet ouvrage pointe également l’urgence à revoir les stratégies de prise en charge de la douleur. "Depuis 2012, il n’existe plus de plan ni de programme dédié au développement de la médecine de la douleur, déplore le spécialiste, malgré tout le chemin qui reste encore à parcourir pour aider au soulagement des personnes douloureuses." De fait, il existe actuellement, grâce aux différents plans et programmes de lutte contre la douleur développés jusqu’en 2012, un réseau de 254 consultations et centres spécialisés en France, couvrant l’ensemble du territoire. Mais ces structures sont en difficulté car les moyens stagnent, alors que le nombre de consultations s’accroît, et elles ne peuvent faire face à une demande croissante des patients. "Si rien n’est fait, alerte Serge Perrot, au moins 30 % des structures spécialisées disparaîtront au cours des trois prochaines années."     Réorganiser la formation Cet état des lieux montre également l’urgence à revoir la formation en médecine de la douleur. "Actuellement, explique Serge Perrot, sur les six premières années d’études médicales, moins de 20 heures de cours sont officiellement consacrées à la douleur, et la formation à la douleur pour toute la France est assurée par seulement six postes d’enseignants universitaires professeurs associés, en place pour deux ans renouvelables." C’est pourquoi la Sfetd propose de mettre en place, dès 2018, des mesures concrètes qui permettront de répondre aux défis identifiés par ce livre blanc. Il s’agit, en particulier de maintenir les centres spécialisés dans la prise en charge de la douleur chronique, et de renforcer la formation de tous les professionnels de santé. Les spécialistes de la douleur souhaitent aussi une plus forte implication des acteurs de premier recours, médecins généralistes et pharmaciens, une amélioration de la prise en charge de la douleur aux urgences et en médecine ambulatoire, des campagnes de prévention de la douleur, au travail, en chirurgie, ou lors des soins, le développement des approches non médicamenteuses et de l’éducation thérapeutique du patient, et enfin le développement de la recherche translationnelle sur la douleur. La Sfetd et les associations de patients partenaires appellent les pouvoirs publics à concrétiser cette ambition grâce à la mise en place d’un nouveau programme d’action de lutte contre la douleur, basé sur des mesures concrètes, essentiellement structurelles, et qui, selon elles, ne devraient pas nécessiter de financements supplémentaires de la part de l’État.