Contraception masculine : de nouvelles perspectives
Après des siècles au cours desquels retrait et/ou préservatif étaient les seules options de contraception masculine, l’éventail des possibilités s’élargit. Pour faire le point et répondre aux questions des patients, cette thématique a fait l’objet d’une session plénière lors du Congrès Médecine Générale France, qui vient de se dérouler au Palais des Congrès de Paris (21-23 mars).
En France, encore 350 000 grossesses chaque année ne sont pas planifiées, et les interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont toujours nombreuses (234 300 en 2022). Autre raison de s’intéresser à la contraception masculine, l’iniquité de la charge contraceptive.
Huit "outils" de contraception masculine sont disponibles aujourd’hui. Certains sont d’’action courte : le préservatif (qui prévient par ailleurs les maladies sexuellement transmissibles), le retrait et la planification conjointe avec abstinence périodique.
Contraception de long terme, considérée comme définitive, la vasectomie concerne 1 % des hommes, avec une demande en forte croissance.
Autres possibilités, l’éjaculation rétrograde ou injaculation (par pression sur l’urètre) et les méthodes "non vaginopénétrantes".
La contraception thermique par remontée testiculaire (CTRT) est pratiquée par plusieurs milliers d’hommes mais faute de preuve d’innocuité encore, elle ne peut être prescrite. Il s’agit d’amener les testicules à 37°, une température à laquelle la production de spermatozoïdes n’est plus possible (vérifiée sur un spermogramme tous les 3 mois, le seuil devant être dans cette indication à moins d’un million de "sujets"/ml de sperme). Le dispositif doit être porté 15 heures par jour, la journée. Il semble efficace, doté de peu de contre-indication et d’effets indésirables. Cependant, même si la réversibilité semble acquise, il peut être judicieux de conserver un échantillon dans un Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains (Cecos).
La prescription de testostérone - par un spécialiste - est à la marge en France parce qu’hors autorisation de mise sur le marché (AMM). Les contre-indications sont nombreuses, cardiovasculaires, hépatiques, tabagisme actif, etc., et les effets indésirables également : augmentation de l’acné, impact sur la libido, agressivité, etc.
Les pistes en développement
Un gel hormonal qui combine testostérone et progestatif en application biquotidienne devrait être validé d’ici 5 à 7 ans ainsi qu’un dispositif médical thermique en silicone. A horizon de 10 ans, un hydrogel (un implant souple) que l’on injecte dans les canaux déférents pour une vaso-occlusion réversible pourrait aussi être disponible. Ou d’ici 10 ans encore si les études sont concluantes, un antagoniste des récepteurs testiculaires de la vitamine A, qui bloque la spermatogénèse.
Le sujet de la contraception masculine peut être abordé lors d’une consultation dédiée au conseil contraceptif (cotée).
Références :
Congrès Médecine Générale France (Palais des Congrès de Paris, 21-23 mars). D’après la session plénière « Contraception masculine : la médecine générale en première ligne », avec les communications des Drs Alan Charissou (médecin généraliste, directeur de la PMI de Meurthe et Moselle, responsable du groupe de travail Contraception masculine du CMG), Samuel Joubert (médecin généraliste, Saint-Etienne), et Manon Lacroix (médecin généraliste, Nantes)
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