Contrôle glycémique : une injection quotidienne d’insuline dégludec associée au liraglutide fait mieux, plus longtemps, que l’insuline glargine

26/07/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme
L’obtention et le maintien d’objectifs glycémiques (généralement une hémoglobine glyquée < 7 %) réduisent les complications liées au diabète. Cependant, la nature progressive du diabète de type 2 nécessite souvent une intensification du traitement et, en particulier, un jour ou l’autre, l’adjonction d’insuline au fur et à mesure que la maladie progresse. En pratique clinique, il est cependant parfois difficile d’intensifier le traitement comme recommandé, en particulier lorsqu’il faut mettre en route un traitement par injections. L’inertie clinique retarde souvent l’initiation de cette intensification du traitement par insuline, en partie du fait de la crainte des hypoglycémies ou de la prise de poids associées à l’utilisation de l’insuline.

L’objectif de l’essai thérapeutique DUAL VIII, une étude multicentrique ouverte, de phase 3b, randomisée, contrôlée, était, chez des patients diabétiques de type 2 en échec de traitement antidiabétique oral et qui justifiaient la mise en route d’une insulinothérapie, de comparer la durabilité du maintien d’un bon contrôle glycémique sous insuline degludec associée à du liraglutide (Xultophy) ou sous insuline glargine U100. L’étude, multicentrique et internationale, a inclus des patients qui n’avaient jamais reçu d’insuline et dont l’hémoglobine glyquée était entre 7 et 11 % alors qu’ils recevaient des doses stables d’antidiabétiques oraux. Le critère d’évaluation principal était le temps depuis la randomisation jusqu’à la nécessité d’une intensification thérapeutique (HbA1c ≥ 7 % à 2 visites consécutives). Entre janvier 2016 et octobre 2018, 1345 patients ont été screenés et 1012 (75,2 %) ont été inclus et ont reçu Xultophy à raison d’une injection quotidienne, (n=506) ou de la glargine, également à raison d’une injection quotidienne (n=506). 484 patients (96 %) du groupe Xultophy et 95 % du groupe glargine ont fini l’étude. Les caractéristiques basales étaient similaires et représentatives des patients éligibles pour une intensification du traitement du diabète par insuline (ancienneté moyenne du diabète de 10 années, hémoglobine glyquée de 8.5 % en moyenne, glycémie à jeun de 10 mmol/l en moyenne). Les patients dans le groupe Xultophy sont restés significativement plus longtemps avant intensification du traitement (médiane > 2 ans) en comparaison des patients du groupe glargine (médiane d’environ 1 an). Un nombre moindre de patients du groupe Xultophy ont nécessité une intensification du traitement sur les 2 ans de suivi (189 des 506, soit 37 %), en comparaison de ceux du groupe glargine (305 des 506, soit 66 %). Les analyses de sensibilité du critère d’évaluation principale étaient en agrément avec l’analyse principale (hazard ratio = 0,45 ; IC 95 % = 0,38 et 0,54) dans les modèles de régression proportionnelle et le test de log-rank généralisé était aussi en faveur du Xultophy (p < 0,0001). Il n’y a pas eu de problème de sécurité ou de tolérance autre que ceux attendus avec ces médicaments. Il n’y a pas eu de décès en relation avec le traitement. Chez les patients dont le diabète de type 2 est mal contrôlé sous antidiabétiques oraux, un traitement initial injectable par Xultophy (insuline dégludec associée au liraglutide) permet à un nombre inférieur de patients d’atteindre le critère d’intensification du traitement au cours de 2 ans de traitement en comparaison du traitement par glargine (une injection quotidienne), ce qui indique donc une durabilité supérieure de l’effet du traitement par Xultophy.

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