Efficacité du tocilizumab chez les patients ayant une pneumonie moyenne à sévère
Les résultats de l’essai contrôlé Corimuno-Toci viennent d’être rendus publique par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (APHP). Cette étude appartient à un vaste programme, Corimuno, qui vise à évaluer certains traitements qui pourraient être utiles dans la prise en charge du Covid-19. En effet, malgré les incertitudes sur la physiopathologie de l’infection à Sars-CoV-2, il est actuellement bien acquis qu’une phase d’orage inflammatoire, correspondant à un emballement des molécules de l’inflammation, avec, entre autres, une sécrétion trop importante de cytokines, contribue à la sévérité de la maladie, voire au décès du patient. C’est pourquoi la plateforme Corimuno-19 a été conçue et rapidement mise sur pied, dans le but de tester l'efficacité et la tolérance de divers médicaments, et en particulier de certains immuno-modulateurs. Plusieurs essais ont donc été mis en place, dès le 27 mars 2020. Et ce sont les résultats de l’essai qui concerne le tocilizumab (Roactemra, Roche), qui viennent d’être présentés. Cet anticorps monoclonal, sous forme injectable, bloque le récepteur de la cytokine interleukine-6 (IL-6). Il est déjà utilisé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
Des patients hospitalisés, mais pas en réanimation Au total 129 patients provenant de 13 hôpitaux, ont été inclus. Ils présentaient tous une pneumopathie à Sars-CoV-2 d’intensité moyenne à sévère, qui nécessitaient une hospitalisation, mais pas de réanimation au moment de l'admission. La moitié des patients ont reçus du tocilizumab (1 à 2 injections) en plus du traitement habituel ; alors que l’autre moitié ne recevait que le traitement standard. L’efficacité du traitement a été jugée...
à J14 sur le recours à une ventilation (mécanique ou non invasive), ou la survenue du décès. Et les résultats, qui n’ont pas encore été soumis pour publication dans un journal à comité de lecture, se sont avérés positifs puisque le critère de jugement principal a été atteint chez une proportion « significativement plus faible » de patients dans le bras tocilizumab, indique l’APHP. « Il s’agit du premier médicament testé pour lequel un effet significatif est observé dans le cadre d’un essai clinique », a souligné la direction générale de la santé (DGS). Les effets secondaires étaient similaires dans les deux groupes. D'autres équipes ont déjà fait état de résultats encourageants concernant le tocilizumab, notamment à l'hôpital Foch notamment, mais il s'agissait d'études en ouvert, sans groupe de contrôle tiré au sort, qui n'apportent « pas le même niveau de preuve » et « ne permettent pas de définir un standard de traitement », ont souligné les chercheurs de l'AP-HP.
L’APHP précise que « ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires. Compte tenu du contexte de la pandémie, les chercheurs et le promoteur se sont sentis obligés, d'un point de vue éthique, de communiquer ces informations, en attendant l'examen par les pairs tout en continuant le suivi plus long de ces patients ». D'autres essais Corimuno sont actuellement en cours, testant d'autres inhibiteurs des récepteurs de l’IL-6 et d'autres immunomodulateurs. Un médicament comparable, le sarilumab (Kevzara, Sanofi et Regeneron), est également testé dans le cadre du même programme Corimuno, et les premiers résultats devraient être connus dans les tout prochains jours.
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