Extension du dépistage néonatal : quel rationnel ?

13/03/2023 Par Brigitte Blond
Pédiatrie
Dépister les nouveau-nés aux premiers jours de vie transforme à l’évidence le pronostic de ces maladies rares, mais gravissimes. Le dépistage est aujourd’hui élargi à 7 maladies supplémentaires affectant le métabolisme. S’y ajoutera, prochainement, le dépistage non ciblé, généralisé, de la drépanocytose, qui a été recommandé par la HAS.


"Prévenir leurs complications par un régime ou des médicaments, telle est l’ambition du programme national de dépistage néonatal proposé à tous les parents pour leur nouveau-né systématiquement et gratuitement depuis 1972 en France", a rappelé le Pr Stanislas Lyonnet, directeur de l’Institut Imagine. 1 200 nouveau-nés sont ainsi “sauvés“ chaque année en France, lors d’une conférence de presse conjointe de l’Institut Imagine et de l’Hôpital Necker Enfants malades (8 février).   7 dépistages supplémentaires
  Au dépistage biologique de 6 maladies rares (hyperplasie congénitale des surrénales, hypothyroïdie congénitale, mucoviscidose, phénylcétonurie, déficit en MCAD et, dans une population ciblée, drépanocytose) et de la surdité permanente, a été ajouté depuis le 1er janvier dernier le dépistage de 7 maladies supplémentaires, des “maladies héréditaires du métabolisme intermédiaire“* : 3 aminoacidopathies (homocystinurie par déficit en CBS, leucinose et tyrosinémie de type 1), 2 aciduries organiques (acidurie glutarique de type 1 et acidurie isovalérique) et 2 déficits en bêta-oxydation (déficit primaire en carnitine et déficit en LCHAD). Des maladies qui ont été repérées comme “actionnables“ d’après l’expérience des pays qui dépistent déjà ces maladies depuis de nombreuses années. Pourquoi 7 en une seule fois et maintenant ? Parce que la solution technique existe aujourd’hui, un spectromètre de masse en tandem permet en effet de dépister ces 7 maladies en un seul temps, et à partir d’une seule goutte de sang déposée sur le buvard de Güthrie. Les 7 sélectionnées sont des maladies dont on connaît l’évolution, pour lesquelles une fenêtre de tir, tôt après la naissance, permet d’agir et de transformer le pronostic grâce à un traitement. Enfin, elles doivent constituer un problème de santé publique : environ 50 à 100 enfants par an seront concernés. "Le test de dépistage est facile et l’expérience des autres pays est concordante pour affirmer que pour ces 7 maladies, le dépistage ne peut faire que du bien", résume le Dr Jean-Baptiste Arnoux, service des maladies métaboliques de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.   Maladies “actionnables“
  Ainsi, l’une d’entre elles, l’homocystinurie classique, caractérisée par une augmentation dans le sang de l’homocystéine et de la méthionine se manifeste dans l’enfance par une atteinte neurologique avec déficience intellectuelle et des thromboses vasculaires sans aucun symptôme à la naissance. Le traitement, instauré aussi précocement que possible, consiste... en l’administration de vitamine B6 (unique traitement pour les formes sensibles à la B6), de bétaïne et d’un régime pauvre en méthionine (pour les formes non sensibles à la vitamine B6), un régime à vie, pour que la maladie n’apparaisse jamais, le risque étant toujours là, quel que soit l’âge. Autre exemple de nouvelle maladie dépistée à la naissance, la tyrosinémie de type 1 pour laquelle l’acide aminé tyrosine est dégradé en produisant anormalement des substances toxiques pour le foie et le rein en particulier, ce qui pourrait conduire au décès du nourrisson, une évolution évitable grâce à des mesures médicamenteuses et diététiques instaurées en urgence : la nitisinone (per os), associée à un régime appauvri en tyrosine et phénylalanine.   Drépanocytose et porteurs sains La généralisation du dépistage de la drépanocytose (400 naissances par an en France, maladie génétique -autosomique récessive- la plus répandue au Monde) a été recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) en janvier 2023 pour au moins deux raisons : près de 500 enfants homozygotes non ciblés par le dépistage (et donc non diagnostiqués à la naissance) présentaient un syndrome drépanocytaire majeur en 2022. Par ailleurs, il peut être difficile de déterminer si l’enfant fait ou non partie d’une population à risque pour cette maladie du fait du brassage des populations. " Tous les nouveau-nés devraient par conséquent être dépistés, les hétérozygotes (porteurs sains) et leur entourage informés des possibilités de prévention des complications et de traitement, de support uniquement", insiste la Pre Marina Cavazzana, cheffe du département de biothérapie de l’Hôpital Necker-Enfants malades. La découverte d’une maladie génétique sévère chez un enfant, ou d’un statut hétérozygote (porteur sain), justifie une consultation de génétique pour la famille, afin de répondre à des questions légitimes de risque de voir réapparaître la maladie en cas de nouvelle grossesse. Ces questions peuvent bouleverser le projet parental et faire discuter dans certains cas un diagnostic prénatal pour les grossesses suivantes.

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