La génétique pour mieux comprendre l’impact de la testostérone sur les maladies chez l’homme et chez la femme

05/03/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La substitution par la testostérone est fréquemment utilisée pour ses effets sur la fonction sexuelle, sur l’os et sur la composition corporelle. La randomisation mendélienne est une approche génétique qui permet de comprendre les effets de facteurs de risque putatifs sur les maladies. Comme les allèles sont à la fois assignées de manière randomisée et fixée au moment de la conception, le risque génétique peut être utilisé comme exposition épidémiologique permettant de réduire les effets de facteurs confondants et de corriger la causalité.

Des études préalables ont utilisé cette approche pour tester le rôle des hormones sexuelles dans les maladies, cependant elles ont été limitées par les variants dans le gène codant pour la SHBG. Ces études ont montré que les allèles qui augmentent la SHBG sont associées à une diminution du risque de diabète de type 2 mais n’ont pas fait la différence entre les hommes et les femmes. En dehors de la SHBG, afin d’identifier des variants génétiques additionnels qui pourraient être utilisés pour tester les effets de la testostérone, des études d’association génome entier sont nécessaires. Des chercheurs britanniques ont identifié les déterminants génétiques des niveaux de testostérone et des hormones sexuelles chez 425 097 participants de l’étude UK Biobank. En utilisant 2 571 associations significatives issues du génome entier, ils démontrent que les déterminants génétiques des concentrations de testostérone sont très différents entre le sexe masculin et le sexe féminin et que la testostérone génétiquement supérieure est délétère pour les maladies métaboliques chez les femmes et bénéfique chez les hommes. Ainsi, une augmentation de la testostérone d’1 SD génétiquement déterminé augmente le risque de diabète de type 2 (odds ratio = 1.37 ; IC 95 % = 1.22 – 1.53) et le syndrome des ovaires polykystiques (OR = 1.51 ; 1.33 – 1.72) chez les femmes mais diminue le risque de diabète de type 2 chez les hommes (OR = 0.86 ; 0.76 – 0.98). Ils démontrent aussi des effets secondaires de testostérone plus élevés sur les cancers du sein et de l’endomètre chez les femmes et du cancer de la prostate chez les hommes. Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur les impacts en termes de santé de la testostérone et soulignent l’importance d’une analyse génétique en fonction du sexe.

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