Savoir s’il faut, et quand, traiter ces hypothyroïdies infracliniques reste un sujet débattu, ce d’autant que des méta-analyses récentes montrent que l’utilisation des hormones thyroïdiennes n’est pas associée à une amélioration de la qualité de vie en général ou des symptômes liés à la thyroïde. Malgré l’absence de bénéfices prouvés, le débat public est toujours bien là avec une « pression » de certains groupes (en particulier à hauts revenus) pour mettre en route un traitement. Ceci pourrait expliquer le déclin du seuil de TSH à partir duquel un traitement par lévothyroxine est mis en route pour une hypothyroïdie, passé au Danemark de 10 mU/l en 2001 à 6.8 mU/l en 2015. Une observation similaire a été faite au Royaume-Uni. Une équipe danoise a donc voulu analyser si les seuils de TSH plus bas pour lesquels étaient mis en route un traitement s’accompagnaient d’une augmentation du nombre de patients sur-traités. L’étude de cohorte rétrospective comprenait tous les habitants de Copenhague qui avaient eu une mesure de TSH à la demande de leur médecin généraliste conduisant à une nouvelle prescription de lévothyroxine entre 2001 et 2012. Le sur-traitement était défini comme une TSH < 0.1 mU/l et le sous-traitement par une TSH > 10 mU/l à l’occasion de 3 mesures consécutives. En tout, 14 533 initiations de lévothyroxine ont été incluses dans l’étude. Le risque cumulé d’être sur-traité était de 4.7 % et celui d’être sous-traité de 7.4 % sur 10 ans. Le risque de sur-traitement était supérieur chez les femmes et les jeunes adultes pour lesquels le niveau de TSH était inférieur. Le risque de sur-traitement diminuait au cours du temps entre 2001 et 2012. Parmi les sujets sur-traités, la chance de revenir à un niveau normal de TSH était d’environ 55 % après 10 ans. Chez 18 % des sujets, le traitement par lévothyroxine était initié alors que la TSH était < 5 mU/l. En conclusion, même si le seuil de TSH considéré comme justifiant la mise en route d’un traitement par lévothyroxine a baissé au cours du temps, le risque de sur-traitement et de sous-traitement est bas et s’est même encore abaissé entre 2001 et 2012 chez les patients Danois traités en soins primaires. Néanmoins, 18 % des sujets ont commencé le traitement par lévothyroxine alors que leurs concentrations de TSH étaient normales !
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