Maladies respiratoires et air ambiant : la pollution intérieure principalement en cause

04/04/2022 Par Muriel Pulicani
Pneumologie
La prévalence des pathologies respiratoires augmente du fait de la mauvaise qualité de l’air extérieur mais aussi intérieur. La prévention repose tant sur les politiques publiques que sur la sensibilisation du grand public et des professionnels de santé à l’adoption de comportements adaptés.
 

Entre 48 000 et 67 000 décès prématurés seraient attribuables chaque année en France aux particules fines et au dioxyde d’azote, du fait principalement de maladies cardiovasculaires, de cancers et de maladies respiratoires. Ces dernières concernent désormais près de 10 millions de personnes dans l’Hexagone, les deux principales étant l’asthme (4,5 millions de patients) et la BPCO (3,5 millions). S’y ajoutent la pneumonie (600 000 cas annuels) et la fibrose pulmonaire idiopathique (3 000 à 5 000 nouveaux cas par an). Enfin, le cancer du poumon engendre 30 000 décès par an et l’insuffisance respiratoire, 15 000. "Toute la population est concernée par la pollution de l’air même si les expositions ne sont pas les mêmes dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Cependant, c’est une idée fausse de croire que l’air estmeilleur à la campagne, où les polluants ne sont pas mesurés", précise le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue au Pradet (Var) et président de Santé respiratoire France.

  Importance de la pollution intérieure Autre idée reçue : les personnes seraient plus exposées en extérieur : gaz d’échappement, rejets industriels, pollens… Or la pollution concerne principalement l’air intérieur : acariens, moisissures, composés organiques volatils… "Le premier facteur de risque est le tabagisme", rappelle le Dr Le Guillou. "Il faut une prise de conscience des individus. La qualité de l’air dépend certes d’orientations collectives mais aussi de choix personnels."  La sensibilisation du public est essentielle. Santé respiratoire France a émis une série de sept propositions, la première étant le remboursement d’une consultation médicale de prévention. "Il faudrait que tout le monde puisse bénéficier d’une mesure du souffle. Cela permettrait de dépister les personnes ayant déjà une pathologie respiratoire et de les sensibiliser sur les expositions environnementales et sur leur mode de vie", plaide le Dr Le Guillou.   Des professionnels de santé à former Cependant, les médecins sont encore peu formés à ces problématiques. "Il y a quelques enseignements en pneumologie sur la qualité de l’air et les facteurs environnementaux. Un diplôme existe mais cette spécialisation est basée sur la volonté individuelle", regrette le Dr Le Guillou. "Le but est de généraliser et d’intensifier cet enseignement au niveau de la formation initiale et continue". L’association prône également le déploiement de conseillers en environnement intérieur, qui peuvent réaliser des prélèvements au domicile des patients et leur prodiguer des conseils. La France compte quelque 220 personnels formés parmi lesquels à peine la moitié exerce effectivement. "Certains sont salariés des ARS ou des municipalités et collectivités. Il y a un gros problème de financement et de pérennité de ces emplois", pointe le Dr Le Guillou.   Un plan national sur cinq ans "Améliorer la qualité de l’air intérieur" est l’une des vingt actions du Plan national Santé Environnement (PNSE) 2021-2025, qui prévoit notamment "une campagne nationale pour mieux connaître la qualité de l’air intérieur des logements" et une surveillance accrue dans les crèches et les écoles. "Les précédents plans n’ont pas apporté grand-chose. Les chartes de qualité de l’air ne sont pas appliquées et les normes mériteraient être abaissées", déplore le Dr Le Guillou. Santé respiratoire France salue néanmoins une "dynamique vertueuse". "Depuis 2010, la tendance à l’amélioration de la qualité de l’air se poursuit, pour les particules fines et le dioxyde d’azote notamment", selon l’association. Toutefois, le chantier reste d’ampleur. "La qualité de l’air nécessite une approche globale en santé environnementale, sans cloisonner la pratique et la recherche, reprend le Dr Le Guillou. Il faut regarder la problématique au niveau mondial et dans sa globalité. La première demande formulée par les Etats généraux de la santé respiratoire (8 décembre) était d’organiser une grande conférence nationale sur la santé environnementale qui tiendrait compte des problématiques médicales, de logement, d’agriculture et d’aménagement du territoire. Il faudra trouver des compromis. Il n’y a pas de solution idéale."

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