Les mesures de l’air expiré pourraient permettre de dépister plus précocement une HTAP, ou une rechute de cancer bronchique, et de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu dans de nombreuses pathologies respiratoires. "Certains chiens ont la capacité de reconnaître des cancers", rappelle le Pr Bernard Maître (Hôpital Henri Mondor, Créteil). "Ceci s’explique par la présence de composés organiques volatils émis par les cellules malignes mais aussi associés à l’évolution d’autres maladies. Aujourd’hui, les pneumologues analysent la composition de l’air expiré grâce à des 'nez artificiels', l’essor des techniques étant expliqué à la fois par les progrès de la biologie et par l’arrivée de l’intelligence artificielle, qui permet grâce à des algorithmes d’analyser de nombreuses données", souligne le Pr Maître. Différentes pathologies sont concernées. A l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, près de Paris, l’équipe du Pr Marc Humbert travaille, en collaboration avec des chercheurs israéliens, à la mise au point de "nez artificiels" capables de déceler dans l’haleine des patients de premiers signes de l’hypertension artérielle pulmonaire, une maladie difficile à dépister. A l’hôpital Foch de Suresnes, l’équipe de pneumologie, que dirige le Pr Louis-Jean Couderc, développe depuis septembre 2017 en collaboration avec des pharmacologues et des bio-informaticiens du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) le projet VolatolHom. En combinant analyse des composés organiques volatils de l’air expiré par un nez électronique dans lequel les patients soufflent, et spectrométrie de masse pour mesurer et quantifier les molécules émises, ces pneumologues espèrent parvenir à identifier des signatures de réponse précoce à l’immunothérapie dans le cancer bronchique ou aux biothérapies dans les asthmes sévères. Cette nouvelle pneumologie fondée sur les odeurs pourrait aussi permettre de prédire le risque de rechute après exérèse d’un cancer bronchique, pour guider les traitements, ou d’identifier plus rapidement un rejet après transplantation pulmonaire pour mieux le combattre avec des médicaments immunosuppresseurs. Un essai a débuté à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris pour mieux comprendre les molécules neuro-cérébrales impliquées dans la sensation de dyspnée. L’équipe de l’hôpital Foch essaie aussi de mieux comprendre, grâce à l’analyse de l’air expiré, et en collaboration avec réanimateurs, les mécanismes du choc septique, et elle devrait réaliser des études dans la mucoviscidose, pour mieux comprendre les effets de traitements. Une autre cible d’intervention est représentée par les déficits immunitaires primitifs ; l’idée étant, grâce à l’analyse de l’air expiré, de différencier les sous-groupes de patients au potentiel évolutif variable et nécessitant, plus ou moins rapidement, une transplantation médullaire.
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