Télésurveillance : une lente montée en puissance en diabétologie

09/10/2020 Par Corinne Tutin
Diabétologie
Créé en 2016, le programme national de télésurveillance Étapes (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé) est une expérimentation nationale visant à tester en conditions réelles un modèle de financement et de parcours de soins avec télésurveillance médicale dans le diabète, l’insuffisance cardiaque, l’insuffisance rénale chronique, l’insuffisance respiratoire, chez les patients avec une prothèses cardiaque implantable (stimulateur, défibrillateur...) avec un cahier des charges identique pour les quatre premières affections chroniques.

Dans le diabète, Étapes n’a inclus son premier patient qu’en 2018. Les critères d’éligibilité ont été élargis en 2019 puis de nouveau pendant l’épidémie Covid-19, mais, la télésurveillance vise des patients avec un diabète déséquilibré. Depuis un arrêté sur l’organisation du système de santé publié le 18 mai 2020, la télésurveillance peut être proposée dans le cadre du programme Étapes pendant la période de crise sanitaire aux diabétiques de type 1 de 12 à 18 ans avec une HbA1c inférieure à 8,5 %, aux adultes diabétiques de type 1 avec une HbA1c inférieure à 8 %, aux diabétiques de type 2 adultes diagnostiqués depuis plus de 12 mois avec une HbA1c inférieure à 9 % mis sous insuline ou traités avec un schéma insulinique complexe*. La rémunération forfaitaire est de 110 euros par semestre par patient (par exemple chez un diabétique de type 2 avec schéma insulinique complexe) pour le médecin effectuant la télésurveillance et de 60 euros par semestre par patient pour le professionnel de santé en charge de l’accompagnement thérapeutique. Même si l’épidémie Covid-19 semble avoir été un facteur d’accélération pour l’inscription à ce programme qui démarrait auparavant lentement, Étapes ne concernait en juin que 2169 diabétiques contre 7873 insuffisants cardiaques (816 insuffisants respiratoires et 542 insuffisants rénaux), a reconnu le Dr Yann-Maël Le Douarin, conseiller médical télésanté à la Direction générale à l’offre de soins (DGOS). « Plus de 50000 patients sous prothèse cardiaque sont sous télésurveillance, mais ils étaient déjà télésurveillés avant la mise en route du programme national et la télésurveillance est de ce fait, chez ces patients, plus facile à mettre en place. De plus, le programme ne comporte pas d’accompagnement thérapeutique. », a expliqué le Dr Le Douarin. Les causes du relatif faible recrutement de patients diabétiques dans Étapes devront être analysées : simple temps d’appropriation et qui pourrait évoluer, ou modèle mal adapté à la diabétologie, outils non suffisamment autonomes avec un nombre d’alertes trop élevé à gérer, rémunération insuffisante des acteurs... « Il faudra en tout cas réfléchir à l’organisation de la télésurveillance dans le diabète dans le droit commun pour 2022, car le programme expérimental Étapes se clôt 31 décembre 2021 », a insisté le Dr Le Douarin. « Les organisations de télésurveillance devront probablement être plus axées sur la pluriprofessionnalité que le programme Étapes, en renforçant la place des paramédicaux », a estimé le Dr Le Douarin. D’autres programmes, qui fonctionnent sur des principes proches d’Étapes, ont été mis en place dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018, qui permet d’expérimenter de nouvelles organisations en santé (article 51) : DIAB-eCARE, expérimentations dans le diabète gestationnel, avec les pompes à insuline. A côté des différents actes de télémédecine (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, télé-assistance, régulation : centre 15) qui concernent médecins, sages-femmes et chirurgiens-dentistes, le concept de télésoin a été développé en 2019. Celui-ci devrait autoriser pharmaciens et paramédicaux (14 professions concernées au total) à réaliser une activité à distance. « La diabétologie devrait être l’une des spécialités médicales les plus impactées avec l’intervention à distance d’infirmiers, de pédicures-podologues, de diététiciens », pense le Dr Le Douarin. « A la différence de la télémédecine, aucun acte n’a été défini. Ce qui permettra de tenir compte des évolutions techniques ». La Haute autorité de santé a publié récemment un avis sur ce thème. Ensuite, un décret devrait être publié avant fin 2020. L’étape suivante sera celle des négociations conventionnelles entre les professions concernées et l’Assurance maladie. La téléconsultation s’est beaucoup développée pendant la crise de la Covid-19 pour assurer la continuité des soins en protégeant patients et professionnels de santé, grâce notamment à des dérogations (non prise en compte du taux d’HbA1c pour le diabète). « Le cahier des charges diabète est valable jusque fin octobre et pourra être renouvelé, si la situation sanitaire le nécessite », a mentionné le Dr Le Douarin. *Arrêté du 18 mai 2020 complétant l’arrêté du 23 mars 2020 prescrivant les mesures d’organisation et de fonctionnement du système de santé nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’urgence sanitaire. JORF N°0122 du 19 mai 2020.  

Le programme lyonnais DIAB-eCARE

DIAB-eCARE est un centre dédié au diabète de type 1, situé au sein de la ville de Lyon, créé par les Hospices civils de Lyon, qui rassemble équipes pédiatriques et adultes. Il permet aux diabétiques de type 1 de recevoir une pompe à insuline en consultation. Une grande partie de l’activité, développée en relation avec la start-up Diabnext, est centrée sur la télémédecine : téléconsultations, télésoin, télésuivi, téléexpertise.

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