Transplantation hépatique : une réorganisation des centres de greffe est nécessaire, plaide l’Académie

24/05/2023 Par Marielle Ammouche
Hépato-gastro-entérologie
Les bienfaits de la transplantation hépatique dans le cadre du traitement des cirrhoses de certains cancers localisés sont actuellement bien établis. Mais plusieurs éléments viennent perturber ces bons résultats. Et force est de constater qu’ils ne sont pas d’ordre médicaux, mais sociétaux et organisationnels. C’est ce qu’a voulu souligner l’Académie nationale de médecine qui vient de publier un rapport sur ce sujet. 

 

En 2022, 1294 transplantations hépatiques ont été réalisées en France, selon des données de l’agence de la biomédecine.  

L’Académie rappelle qu’après la greffe, l'espérance de vie à 10 ans est d'environ 70%. Mais ces résultats "exceptionnels" sont altérés par le manque de greffons, qui entraine une mortalité importante de patients en attente de greffe, de l’ordre de 10 à 15%. Pour tenter de remédier à ce problème, on utilise des organes appelés "marginaux" (prélevés sur donneurs âgés et/ou stéatosiques, etc.) qui sont plus fréquemment à l’origine de complications postopératoires graves.  

L’activité des centres de greffes est aussi marquée par la gestion, sur le long terme et parfois complexe, des malades greffés, qui développent des complications, somatiques mais aussi psychiques, en lien avec le terrain et les traitements immunosuppresseurs. Et la prise en charge de cette maladie "post-greffe" constitue désormais "l'essentiel de l'activité et de l'expertise des centres de greffe hépatique", souligne l’Académie de médecine. "L’objectif du suivi ne se limite plus à éviter le rejet, complètement contrôlable avec les immunosuppresseurs. La prise en charge du greffé s’organise désormais autour de la prévention et de la recherche des complications de l’immunosuppression", détaille le rapport. Il existe, en effet, chez les greffés, une incidence plus élevée que dans la population générale, de surcharge pondérale, d’ostéoporose, d’hypertension artérielle, d’insuffisance rénale 20 précédemment considérée comme inexorable, de diabète, de dyslipidémies, et de cancers de novo (en particulier en cas de cirrhose alcoolique). 

En outre, la question de la qualité de vie est majeure, en lien avec la réinsertion familiale, sociétale et professionnelle. 

Tous ces éléments font que les enjeux de la transplantation hépatique ont changé. Initialement essentiellement médicaux et techniques, ils sont dorénavant sociétaux et "imposent de réviser l'organisation de cette thérapeutique", assurent les auteurs du rapport.  

Dans ce contexte, l’Académie fait plusieurs recommandations, au premier rang desquels la nécessité d’augmenter les prélèvements d'organes sur donneurs décédés. Pour cela les associations doivent être plus largement impliquées, et l’information du grand public doit être élargie, notamment via un programme d'enseignement aux collégiens et lycéens. 

Il s’agit, par ailleurs, d’optimiser la qualité et le nombre de greffons disponibles "en professionnalisant l'activité de prélèvement au sein de plateformes régionales de prélèvement-conditionnement-distribution des greffons".  

L'équité d'accès à la liste d'attente nationale et à la transplantation hépatique doit aussi être optimisée par la mise en place de réseaux régionaux et par une meilleure information du grand public et des professionnels de santé. 

L’Académie préconise aussi un nouveau modèle d'organisation de centres de transplantation permettant de réaliser dans un même lieu le suivi multidisciplinaire. Celui-ci devra intégrer des équipes d'addictologie et s’attacher à la bonne information des patients. 

Enfin, les activités de recherche cliniques et fondamentales doivent être renforcées. 

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