
Alerte sur le vapotage de cannabinoïdes, en augmentation chez les jeunes
L’Agence de sécurité du médicament alerte sur le développement des PTC ("pète ton crâne"), ou Buddha Blue, qui sont des cannabinoïdes consommés par vapotage. Les signalements d’effets indésirables, parfois graves, sont en augmentation.

Les autorités de santé alertent sur la dangerosité du vapotage de substances psychoactives (hors nicotine), et en particulier de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse.
A la faveur des réseaux sociaux, ces produits sont en nette augmentation, affirme l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il s’agit en particulier du PTC ("pète ton crâne", ou Buddha Blue). Ces produits contiennent un ou plusieurs cannabinoïdes de synthèse. Ils sont facilement obtenus "par internet, dans la rue ou via des relations (proches, lycée)", et se développent chez les jeunes, en particulier les mineurs.
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Or, contrairement aux idées reçues, ces cannabinoïdes sont particulièrement nocifs sous cette forme liquide inhalée, avec une "puissance [qui] peut être supérieure" que celle d’une consommation classique, du fait d’une action "plus rapide". En outre, les cannabinoïdes de synthèse sont souvent associés à d’autres produits dans les liquides de vape, tels que des benzodiazépines de synthèse. "Ces mélanges augmentent les risques d’intoxication et d’effets indésirables graves et inattendus". L’ANSM alerte aussi sur les mélanges DIY ("do it yourself"), réalisés à partir du mélange d’e-liquides et d’autres composants. "Ces mélanges sont dangereux car ils entraînent un risque plus élevé de surdosage de cannabinoïdes et d’interaction entre les substances", complète l’agence sanitaire.
Or, selon les enquêtes menées par les centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A), Drogues Info Service et les centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV), on constate, sur les années 2021-2022, une augmentation des signalements d’effets indésirables consécutifs à la consommation de ces substances par cigarette électronique "notamment chez des mineurs". Ainsi, 215 cas (dont un décès) ont été recensés en 2021-2022 et 139 en 2023-2024. Et en 2024, "de nouveaux cas d’intoxications au PTC ont été signalés chez des adolescents qui ont dû être hospitalisés après avoir vapé du PTC", précise l’ANSM.
Troubles psychiatriques, cardiovasculaires, problèmes rénaux
"Fin 2024, nous sont parvenus des signalements très rapprochés d'effets indésirables graves chez des lycéens, qui ont nécessité des hospitalisations assez longues et, sur 2023-2024, la moitié des cas qui nous sont déclarés sont des cas graves, dont près de la moitié concernent des mineurs", détaille Agnès Laforest-Bruneaux, directrice adjointe de la direction de la surveillance de l'ANSM. Plus inquiétant encore, "à moyen et long terme", pour "les usagers chroniques", on constate une "addiction et une dépendance importantes, en forte progression, avec des symptômes de manque, notamment chez les consommateurs les plus jeunes", précise Agnès Laforest-Bruneaux.
L’agence du médicament rappelle que ces produits, qui sont interdits, peuvent entrainer des effets indésirables graves voire mortels. Il peut s’agir de troubles psychiatriques (épisodes délirants, hallucinations, idées suicidaires, attaque de panique), troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales), troubles cardiovasculaires (tachycardie, douleur thoracique), problèmes rénaux. Ils peuvent être liés aussi à des troubles de l’usage avec addiction sévère et syndrome de sevrage, et aboutir à des malaises, amnésies, pertes de connaissance, voire des convulsions et un coma.
L’ANSM recommande donc la vigilance par rapport aux e-liquides. Il est fondamental de bien vérifier les compositions et les dosages qui "peuvent être variables", ainsi que l’absence de stupéfiants, notamment de cannabinoïdes de synthèse.
Références :
D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, 6 février). Avec AFP.
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