
Plus des trois quarts des patients de plus de 90 ans sont polymédiqués
Une vaste étude confirme la surprescription de médicaments chez les sujets très âgés.

La grande majorité des patients consomment 5 médicaments ou plus par jour. C’est ce qui ressort d’une étude de cohorte, réalisée à partir des données de 2022 du Système national des données de santé, concernant les personnes âgées de 90 ans et plus affiliées au régime général d’assurance maladie. Au total, près de 700 000 sujets ont été inclus dans l’étude. La majorité étaient des femmes (73,2%). 75% étaient âgés de 90 à 94 ans et 2,9% avaient plus de 100 ans.
La polymédication était définie par la prise de 5 médicaments ou plus. Un traitement contre l’hypertension était prescrit chez 77% des sujets, 50,4% avaient une maladie cardiovasculaire et 17,7% souffraient de démence.
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
Il est alors apparu que plus des trois quarts des patients de plus de 90 ans étaient polymédiqués (77,7%). Les médicaments les plus prescrits étaient les antihypertenseurs (73,8%), les antalgiques (58,8%), les antithrombotiques (55,3%), la vitamine D (51,1%) et les psychotropes (42%). On observait une diminution progressive de la prescription de certains médicaments avec l’âge, "mais probablement insuffisante", soulignent les auteurs. Les médicaments qui étaient moins prescrits étaient plutôt d’ordre préventifs, alors qu’on constatait une augmentation des médicaments de gestion des symptômes.
Le fait de résider en Ehpad était aussi associé à une diminution du nombre de médicaments. Et ces patients étaient plus souvent traités par psychotropes et moins susceptibles de recevoir des médicaments cardiovasculaires.
Les auteurs concluent que "l'arrêt des traitements doit être discuté dans le contexte d’une espérance de vie courte afin d’éviter les effets néfastes de la polymédication".
Références :
D’après Lukshe et al. Journal of the American Medical Directors Association, Volume 26, Issue 3, 105459 ; et un communiqué d’Epi-Phare (29 janvier)
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