Ils allaient être jetés à la benne : volés il y a 25 ans, trois livres de médecine de la Renaissance rendus à leur propriétaire
"C'est un heureux miracle que nous les retrouvions aujourd'hui en aussi bon état", s'est réjoui le procureur de Grenoble Éric Vaillant. Ce mardi 5 décembre, trois livres de médecine datant du 16e siècle ont été restitués par le centre hospitalier de Grenoble au musée Flaubert et d’histoire de la médecine de Rouen. Cette restitution met fin à un itinéraire qualifié de "rocambolesque" par Fabrice Chabin, enquêteur de la police judicaire de Grenoble.
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— Eric VAILLANT procureur de Grenoble (@egajvpr) December 5, 2023
Le 5 novembre 1998, soit il y a 25 ans, deux ouvrages du célèbre médecin flamand de la Renaissance André Vésale – De humani corporis fabrica libri septem (1543) et Anatomes totius (1564) – ainsi que Les Œuvres (1575) du chirurgien français Ambroise Paré sont dérobés lors d’un colloque de médecine organisé par le musée de Rouen. Une perte immense, puisque ces trois livres sont respectivement estimés à 1,5 million d’euros, 850 000 euros et 40 000 euros.
Ils seront retrouvés par hasard par un employé du CHU de Grenoble en 2011, dans un carton à proximité d’une benne à ordures. Cet employé conservera les précieux ouvrages chez lui durant une dizaine d’années avant que son fils ne contacte le musée des Sciences médicales du CHU qui, à son tour, a signalé la découverte aux autorités judicaires et au musée de Rouen.
"D'un point de vue symbolique, vous ne vous rendez pas compte ce que c'est pour un chirurgien d'avoir ça en main", s'est ému pour sa part François Moutet, ancien patron de la chirurgie de la main au CHU de Grenoble. Ambroise Paré et André Vésale étaient "les deux phares de la chirurgie occidentale de la Renaissance", a-t-il poursuivi. "Imaginez que ces merveilles allaient à la poubelle !"
Le vol est désormais prescrit mais une enquête pour recel est "en cours". "On verra si elle aboutit", a indiqué le procureur, qui a précisé que les personnes ayant détenu les livres toutes ces années "étaient de totale bonne foi". L’un des participants au colloque "était visiblement collectionneur". "On aimerait bien savoir qui c'est", a ajouté l’enquêteur Fabrice Chabin.
La vice-présidente en charge de la culture de la métropole de Rouen, Laurence Renou, a indiqué que les ouvrages devraient retrouver leur place dans le pavillon où est né l’écrivain Gustave Flaubert.
[avec AFP]
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