Un médecin meurt dans l’effondrement de deux immeubles à Lille

14/11/2022 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
Deux immeubles mitoyens se sont écroulés en plein centre-ville de Lille ce samedi 12 novembre, dans la matinée. Un corps a été retrouvé sous les décombres. La victime, âgée de 45 ans, est un médecin de psychiatrie. Il était chef du pôle santé mentale et addictologie au CH de Calais.

  L’immeuble situé au n°42 de la rue Pierre Mauroy était réputé vide, et pourtant… Si les premières informations diffusées après l’effondrement samedi matin de deux immeubles mitoyens, en plein cœur de Lille, se voulaient rassurantes – dans la matinée, les autorités assuraient qu’il n’y avait aucune victime – très vite, une disparition inquiétante avait été signalée. Les recherches, menées par quelque 80 sapeurs-pompiers et à l’aide de plus de 40 engins, ont finalement levé le doute sur cette disparition. Dans la nuit de samedi à dimanche, les secours ont en effet extrait un corps sans vie des décombres, celui d’un psychiatre âgé de 45 ans. L’homme s’était fait prêter l’appartement d’un ami pour y passer la nuit. Selon Le Parisien, il était venu à Lille pour se réunir avec ses camarades de promo de la faculté de médecine.

Le samedi matin, le médecin, chef du pôle santé mentale et addictologie au centre hospitalier de Calais, ne s’était pas présenté à ses rendez-vous et n’avait pas donné signe de vie. Sa voiture était restée garée sur un parking proche de l’immeuble, et son téléphone bornait dans la zone de l’effondrement des deux immeubles de trois étages. A l’annonce de l’identification de l’unique victime - qui n'avait pas d'enfant - les messages d’hommage en soutien à la famille ont afflué. A commencé par le Dr Philippe Levisse, qui considérait le Dr Klein comme son "fils spirituel". "Il était mon interne, il y a quinze ans quand j’étais médecin généraliste", a-t-il confié, encore sous le choc, à nos confrères de La Voix du Nord. Avant d’être psychiatre, le Dr Klein avait exercé la médecine libérale à Calais. Il avait pris ses fonctions en tant que chef de pôle au CH de Calais en octobre 2021. Le Dr Levisse lui avait "passé le flambeau". La direction du centre hospitalier de Calais a annoncé sur les réseaux sociaux le "décès accidentel" du Dr Klein dans un communiqué, indiquant qu’un hommage serait organisé cette semaine. La Fédération hospitalière des Hauts-de-France a elle aussi présenté "ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches" du praticien, soulignant "l’engagement […] unanimement salué" du chef de pôle. Une cellule psychologique a été ouverte pour les collègues du praticien disparu.

Outre ses collègues, qui témoignent "d’une grande perte", certains patients ont souhaité prendre la parole sur les réseaux sociaux après l’annonce du décès de leur médecin. Une ancienne patiente décrit un praticien "très humain, bienveillant et gentil" ; une autre, "un médecin au top, toujours à l’écoute". "Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi et mes enfants."   Hommages politiques Les hommages politiques ont été nombreux. D’abord, la maire de Calais Natacha Bouchart, également présidente du conseil d’administration de l’hôpital, a souhaité rendre hommage dans un message posté sur Facebook à "un médecin apprécié de tous". A l’AFP, l’élue a également fait part de son incompréhension concernant l’accident "dramatique". La maire de Lille Martine Aubry a fait part de son côté d’"une grande tristesse", appelant au "respect" et à la "décence" face à une telle situation.

  Trois jeunes "héros" Ce sont trois colocataires âgés de 20, 22 et 23 ans qui ont donné l’alerte dans la nuit de vendredi à samedi. En rentrant de soirée, l’un d’eux constate que l’un des murs de leur immeuble, situé au numéro 44 de la rue Pierre Mauroy, est complément courbé. "On a fait une mini réunion de crise et on a pris une décision, prévenir les secours", ont expliqué les étudiants ingénieurs à nos confrères de la Voix du Nord. Jusqu’alors, aucun signe ne laissait présager un tel accident, assurent-ils, encore sous le choc. Un échafaudage avait néanmoins été installé sur la façade pour cause de travaux. L’alerte donnée par le jeune Thibault, un arrêté de péril imminent a été pris pour cet immeuble, qui a pu être évacué dans la nuit de vendredi à samedi, avant l’effondrement. L’immeuble mitoyen, réputé vide, n’a pas été évacué. Olivier Véran, porte-parole du Gouvernement, a indiqué hier sur le plateau de BFMTV que l’étudiant à l’origine du signalement méritait d’être salué par la République "puisqu’il a sans doute évité une catastrophe beaucoup plus importante encore sur le plan humain que celle à laquelle nous faisons face". Alors que des experts judiciaires inspectent toujours les habitations voisines – qui ont été évacuées, d’autres tentent de comprendre pourquoi les deux immeubles se sont effondrés : pourquoi l’immeuble voisin n’a-t-il pas été évacué ? Les travaux en cours ont-ils fragilisé le bâtiment ? Les deux immeubles étaient-ils en mauvais état ? Des questions pour l’heure en suspens. Une enquête a d’ores et déjà été ouverte par la procureure de la République de Lille pour "mise en danger de la vie d’autrui". Elle a été élargie au chef d’"homicide involontaire" après la découverte du corps du psychiatre dans les décombres. "Nous sommes dans le temps de l’enquête. Tout sera entrepris pour comprendre les raisons de cet effondrement", a indiqué sur Twitter le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, en déplacement ce lundi matin à Lille.

[avec La Voix du Nord et Nord Littoral]

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