Pour le Dr Thomas Higel, tout a commencé au début de son internat de médecine générale, en 2012. Alors qu’il décide de partir en Allemagne pour effectuer son troisième cycle, quelques semaines à peine après les ECN, il s’inquiète de savoir comment il va continuer à se former sur la médecine française. Sitôt la frontière passée, il décide de monter un site Internet sur lequel il crée des fiches, inspirées de celles pour la préparation des ECN, spécifiquement dédiées à la pratique médicale du médecin, en particulier du médecin généraliste. “En ligne, je ne trouvais que des fiches payantes, ou alors il n’y avait pas grand-chose. Je me suis dit que j’allais me lancer pour créer quelque chose de gratuit et d’indépendant”, explique le médecin, aujourd’hui âgé de 33 ans. Au fil du temps, il construit son projet, qu’il baptise “MedG”. Le généraliste crée deux types de contenu : d’abord, des fiches de synthèse maladie qui traitent de toutes les pathologies existantes avec plusieurs catégories - les généralités, l’évolution de la maladie, ses traitements, toutes construites selon un plan stéréotypé. Et puis, des fiches “orientation diagnostic”, avec toute la liste des étiologies. “Par exemple, si on prend le cas de l’anémie, on va trouver une vingtaine d’étiologies, et ensuite des indications pour la prise en charge du patient”, illustre le Dr Higel. “Idem pour le diabète, on a des généralités, comment on arrive au diagnostic, le traitement à faire, le bilan”, poursuit-il. Dans les fiches, se trouvent aussi des schémas récapitulatifs.
L’objectif du site est d’aider les généralistes et surtout, leur simplifier la tâche, dans leur quotidien. “En consultation, parfois, nous n'avons qu’une ou deux minutes pour vérifier une information devant un patient. L’avantage, là c’est que c’est précis et spécialisé. Tout est accessible rapidement de manière à ne pas perdre de temps”, assure le Dr Higel. Dans le cas d’un patient qui viendrait en consultation pour un prurit, “c’est quelque chose qui peut être un peu loin parfois pour les praticiens, qui ne se souviendra pas de toutes les causes du prurit.” Ainsi, sur le site MedG, une fiche détaille les signes principaux de chaque étiologie et propose, à la fin, un diagnostic et une aide au bilan de manière synthétique. "Honnêtement, maintenant je ne retiens plus rien. Dès que j’ai une question, je vérifie directement en ligne”, plaisante-t-il. Les médecins peuvent enfin consulter, à droite de la fiche, une colonne bibliographique de liens référençant toutes les publications scientifiques, les recommandations de la HAS. “L’idée, c’est que si une information n'apparaît pas dans la fiche, il est possible de se tourner vers cette colonne. Tous les liens sont triés par pathologie.” Des sources très encadrées A l’heure actuelle, sur les 1.500 maladies référencées, le médecin a réussi à créer 850 fiches. S’il en est essentiellement l’auteur, aidé de Vincent Milon, interne en génétique à Angers, le principe de MedG se veut néanmoins collaboratif. “L’objectif du site, c’est de monter une communauté pour améliorer les fiches”, appuie le Dr Higel. Il n’est toutefois pas possible d’apporter des modifications sans vérification et validation de la part du comité rédactionnel de MedG. Car le médecin apporte une attention particulière aux sources utilisées pour créer les fiches médicales. “Nos informations proviennent de sources identifiables, en ligne, soit des référentiels des enseignants, soit la HAS, ou d’autres sites officiels et professionnels. Nous, on fabrique une fiche de synthèse à partir de tout cela”, explique-t-il. Ainsi, si un médecin souhaite apporter une précision, modifier une information, il a la possibilité de le faire en mode brouillon. Brouillon qui sera ensuite vérifié par un relecteur. Il est également possible de choisir d’ajouter un commentaire au lieu de modifier la fiche. L’utilisation de MedG est gratuite. L’accès aux fiches et à toute la bibliothèque est en accès libre. Seules trois fonctionnalités sont débloquées en échange d’une inscription en ligne : le fait de pouvoir imprimer les fiches, de les copier/coller et de les mémoriser. “Pour valider son inscription, il faut soit commenter, soit faire un don”, précise le Dr Higel.
Appel à la communauté médicale Près de dix ans après la création de MedG, le généraliste souhaite aussi passer à la vitesse supérieure. “Nous travaillons dessus mais ça n’avance pas aussi vite que je le voudrais. Mon objectif, à terme, c’est d’avoir toutes les fiches actualisées au moins tous les deux ans. A l’heure actuelle, toutes les fiches qui sont sur le site ont moins de cinq ans, mais il en manque encore la moitié”, regrette-t-il, lançant un “appel à la communauté médicale”. “J’ai calculé, il nous faudrait au moins 10.000 euros par an pour arriver à financer le site. Ou alors, une participation bénévole sur la création et la mise à jour des fiches.” Pour l’instant, malgré des dons, le médecin a dû y mettre 5.000 euros de sa poche. “Mais le jeu en vaut la chandelle”, sourit-il, convaincu de son projet. Une petite vingtaine de praticiens collaborent avec lui, mais il en faudrait plus, qui accepteraient de consacrer leur temps à la recherche d’information et à la rédaction, pour progresser plus rapidement. MedG s’adresse également aux étudiants en médecine, qui peuvent réviser leurs ECN grâce au site. “J’ai fait ça juste après mon externat, et je sais que beaucoup d’étudiants travaillent comme ça, avec des fiches. Si on reprend l’exemple du prurit, les carabins doivent aussi apprendre ses causes. Et comme toutes les fiches sont faites sous le même format, qu’elles sont claires et agréables à lire, c’est plus facile à apprendre”, assure le praticien. A l’avenir, le Dr Higel espère donc faire grossir la communauté de MedG et trouver des bénévoles, médecins ou étudiants en médecine, pour l’aider à créer, compléter, mettre à jour les fiches sur le site et devenir ainsi un site de référence pour toute la communauté médicale.
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