"Perte de chance", "désorganisation" : le Samu fustige le 112 et défend un numéro commun avec les généralistes
Dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, le président du Samu-Urgences de France, François Braun, et plus de 250 signataires (médecins, élus...) alertent sur la création d’un numéro unique d’appel d’urgence. Ils préconisent la mise en place d’un numéro commun entre les urgentistes et la ville. Alors que les députés ont voté en commission le 12 mai dernier l’expérimentation du 112 comme “numéro unique d’appel d’urgence” - remplaçant le 15, le 17 et le 18 -, près de 250 médecins, élus et citoyens alertent, dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, sur “le fait que consacrer [ce numéro] pour tous les services reviendrait à faire le choix d'une réponse à la fois moins efficace voire dangereuse et plus coûteuse pour le contribuable”. “Seul un médecin est capable de définir avec l'appelant la gravité de la situation médicale”, assurent les signataires, dont François Braun, président du Samu-Urgences de France, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, et Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP. Placer “un intermédiaire entre le Samu et les patients” entraînera “perte de temps” et “perturbation du message”, ajoute le Dr Braun, pour qui “ce sont souvent les premiers qui sont importants”. “En France, il n'y a pas parmi les pompiers de médecins qualifiés qui assurent la régulation médicale des appels. En appelant un numéro unique, pour parer à toute éventualité la réponse la plus probable sera l'envoi d'une ambulance, conduisant par précaution la personne aux urgences de l'hôpital le plus proche”, prédisent les auteurs du texte qui alertent sur un éventuel “gaspillage des moyens” et un “engorgement des urgences”, déjà surchargées.
Ces derniers jugent par ailleurs que le 112 est “incompatible avec le grand projet de réorganisation des soins en cours de déploiement dans les territoires : le service d'accès aux soins”, dont ils demandent la généralisation des plateformes santé SAS au plus tard en 2022 sur tout le territoire national. Ils demandent ainsi “la mise en place d'un numéro commun destiné au Samu et à la médecine de ville pour toutes les demandes de santé urgentes” qui soit “distinct du numéro pour les secours 'police-gendarmerie' et 'sapeurs-pompiers'”. Pour “prendre en charge les appels reçus par les pompiers concernant la santé (20% de l'activité des Samu)”, ils souhaitent néanmoins que “cette plateforme médicale SAS” soit “interfacée avec la plateforme 'secours' des sapeurs-pompiers au sein d'un espace numérique partagé”. Un message envoyé aux députés alors que l’Assemblée doit débattre, dès mercredi, sur une proposition de loi pour “un numéro unique d'appel d'urgence”. [avec AFP et le Journal du dimanche]
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