Gestion du Covid : un rapport décerne à la France les bons et les mauvais points

14/10/2020 Par Aveline Marques
Santé publique
Alors que la deuxième vague déferle sur la France, les cinq experts* indépendants missionnés par le Gouvernement viennent de rendre leur rapport d'étape, destiné à corriger les erreurs tant qu'il est encore temps.

La France est-elle vraiment la mauvaise élève de l'Europe s'agissant de la gestion de la crise sanitaire ? D'après le rapport d'étape de la mission indépendante conduite par l'infectiologue suisse Didier Pittet, elle se situe plutôt à un "niveau intermédiaire" entre les bons élèves, l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, et les mauvais élèves – le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. En témoigne un indicateur : le nombre de jours d'affilée où le pays a enregistré plus d'un mort pour 1 million d'habitants. En France, il s'élève à 68, contre seulement 34 en Autriche et 44 en Allemagne, mais 97 en Italie, 100 en Espagne et 114 en Suède, pays qui a fait l'impasse sur le masque et le confinement, et 183 jours aux Etats-Unis. Cet indice "permet d’approcher à la fois la sévérité de la crise dans le pays donné et l’efficacité des politiques mises en place pour diminuer son impact", soulignent les auteurs, cités par Le Monde. Pour le Pr Pittet, le système hospitalier "a tenu" en France, "contrairement à d'autres endroits". Cela au prix d'un "effort considérable d'adaptation et de mobilisation" qui "n'est pas forcément aisément renouvelable dans les mois à venir", avertit le rapport. Autre indicateur significatif : l'impact de la crise sur le PIB. Au premier semestre, le PIB français a chuté de 13.8% ; c'est plus qu'en Allemagne, mais moins qu'en Espagne. D'après les experts, cette chute est liée à "l'intensité" du confinement. Dans les administrations, l'activité aurait toutefois pu être maintenue davantage grâce au télétravail, estiment les experts. Le soutien aux entreprises et aux salariés, via les dispositifs d'activité partielle, ont néanmoins permis de relativement préserver l'emploi.

En revanche, le rapport pointe un certain nombre d'erreurs à ne pas reproduire alors que la deuxième vague s'annonce "forte". Il dénonce en premier lieu un défaut d'anticipation. "Les capteurs de détection (...) n'ont pas bien fonctionné", résume Didier Pittet : l'envolée du...

nombre de contaminations n'a pas été repérée et c'est seulement lorsque les patients ont afflué dans les réanimations que l'on a pris la mesure de l'ampleur du problème. Les tests de dépistage ont souffert d'un "retard dans leur déploiement à grande échelle" et souffrent aujourd'hui d'un manque de priorisation, de délais d'obtention des résultats trop importants et d'une "utilisation opérationnelle" de ces résultats défaillante. L'analyse fine des clusters et l'intervention sur le terrain pour casser les chaines de transmission font également défaut.   La mission critique également la communication du Gouvernement, déplorant "un manque pédagogie sur la pertinence des mesures mises en œuvre, un appel réduit à la responsabilité des citoyens et une communication insuffisamment tournée vers les jeunes". "Le discours sur les masques a été un mauvais départ, qui a créé une perte de confiance", souligne Didier Pittet. La manière dont a été appliqué le confinement, avec les attestations de sortie à remplir chez soi, a créé une certaine "déresponsabilisation". L'"adhésion" de la population est un enjeu majeur, notamment en vue de la vaccination contre la grippe puis contre le Covid. La mission suggère à ce titre de mettre en place un "passeport immunitaire". Le rapport définitif de cette mission est attendu en décembre.   [avec AFP et LeMonde.fr]   *Didier Pittet, Raoul Briet, président de la première chambre de la Cour des comptes, Laurence Boone, économiste en chef de l'OCDE, Pierre Parneix, médecin de santé publique au CHU de Bordeaux, Anne-Laure Moulin, médecin et philosophe.

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