Dans une lettre ouverte à la revue médicale britannique, datée du 7 septembre et signée par une trentaine de chercheurs, essentiellement européens, le scientifique italien Enrico Bucci s'interroge sur la vraisemblance de données de l'article publié le 4 septembre par The Lancet, signé par Denis Logounov (Institut Gamaleïa) et ses collègues. Une controverse qui arrive trois mois après celle de l'étude sur l'hydroxychloroquine, depuis retirée par la prestigieuse revue médicale britannique. Spoutnik V est constitué de deux vaccins différents, administrés en deux injections successives. Il s'agit de vaccins à "vecteur viral", utilisant comme support deux adénovirus transformés pour y ajouter une partie du virus responsable du Covid-19. Lorsque l'adénovirus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, ces dernières vont fabriquer une protéine typique du Sars-Cov-2,
apprenant ainsi à leur système immunitaire à le reconnaître et à le combattre, explique l'auteur principal de l'article.
Deux études de petite taille ont été menées entre le 18 juin et le 3 août sur 76 adultes volontaires en
bonne santé, âgés de 18 à 60 ans. Elles concluent "qu'aucun effet indésirable grave n'a été détecté" et observent "la production d'anticorps" chez "tous les participants", y compris des "anticorps neutralisants". La quantité d'anticorps retrouvée "chez les volontaires vaccinés est largement supérieure à celle chez les malades", mesurée à partir du plasma de patients guéris du Covid-19, a souligné Inna Dolgikova, l'une des auteurs de la publication, lors du point presse. Le vaccin déclenche également...
l'autre volet de la réponse immunitaire qui passe par les lymphocytes T. Des essais de phase 3 ont depuis été lancés : les autorités de Moscou ont commencé à tester le vaccin sur 40.000 habitants de la capitale. Le président Vladimir Poutine, se vantant de disposer du premier vaccin au monde, affirme que l'une de ses filles a été vaccinée. Mais pour Enrico Bucci, les données publiées dans The Lancet présentent des "incohérences potentielles". Le scientifique italien déplore l'absence d'accès aux données originales de l'essai russe et estime que l'article publié dans The Lancet "présente plusieurs points de préoccupation". Il relève notamment dans certaines expérimentations une similarité complète ou très élevée des données chez les volontaires qui ont testé le vaccin, ce qui lui semble "hautement improbable". En réponse à la lettre ouverte, la revue britannique "a invité les auteurs de l'étude sur le vaccin russe à répondre aux questions soulevées" et assuré qu'elle "suivait la situation de près". Les travaux russes ont été évalués avant publication par un comité scientifique indépendant composé d'experts, du Covid-19 et des vaccins, a rappelé The Lancet à l'AFP.
Denis Logounov, lui, a rejeté les accusations. "Le Centre Gamaleï rejette catégoriquement les accusations formulées par un groupe de scientifiques sur le manque de fiabilité des données statistiques publiées dans la revue The Lancet", a-t-il indiqué selon RIA Novosti. "Le Centre a présenté (avant la publication) à The Lancet le protocole clinique complet et toutes les données recueillies au cours des recherches scientifiques", a-t-il précisé. "Ces données ont été soumises à une expertise minutieuse des relecteurs de la revue qui, avant la publication, ont posé toutes les questions nécessaires concernant le contenu de l'article et les données sur lesquelles il était fondé, et ils ont obtenu des réponses exhaustives", a-t-il expliqué. [avec AFP]
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